Du nouveau en boutique côté tissage…

collection écharpes artisanales chevronnées mérinos alpaga midian ruedelalaine
Écharpe “Entre Ciel et Terre”

L’hier est loin d’être fini ! Si vous cherchez un peu de chaleur, faites un tour en boutique 😉

Enfin, un petit moment de répit qui tombait pile le même jour que le premier rayon de soleil depuis des lustres. Il n’en faut pas moins pour que je puisse organiser une mini-séance photo qui permette de rendre à peu près fidèlement les coloris de mes créations…

En l’occurrence, j’ai beaucoup tissé à l’automne pour garnir de belles choses mon stand du marché de Noël de Vanves. Mais ce week-end-là, il faisait un froid glacial ! Conséquence : une grande partie de ces nouvelles écharpes sont reparties au cou de l’une ou de l’autre. Il me restait toutefois quatre nouveautés à vous montrer.

D’abord, une nouvelle collection en collaboration avec l’artiste fileuse et dentellière Midian, qui n’a pas son pareil pour carder des nappes magnifiquement dégradées. C’est avec elle que j’ai commencé ma collection “Précieuses” en 2014 et que je l’ai poursuivie en 2017. Et il y en aura d’autres, rassurez-vous ! Elles ont beaucoup de succès et il m’en reste d’ailleurs très peu. Pour Noël dernier, Midian et moi nous sommes lancées dans une nouvelle collection, les “Chevronnées”, tissées avec une armure de chevrons (motif que j’adore !) qui met bien en valeur le contraste entre le fil dégradé de la chaîne et le fil d’alpaga très doux de la trame. Il m’en reste deux que je viens de mettre en vente dans la boutique en ligne.

collection écharpes artisanales chevronnées mérinos alpaga midian ruedelalaine
collection écharpes artisanales chevronnées mérinos alpaga midian ruedelalaine

Mais eu égard à la conjoncture de la fin de l’année 2022, qui n’était ni gaie ni chaleureuse, j’ai voulu créer aussi des étoles fantaisies colorées, larges et moelleuses, ce genre d’étole qui vous prend dans ses bras, dans laquelle on peut s’envelopper le haut du corps pour se blottir dans son canapé avec un bon bouquin et une tasse de thé. Ou de café. Ou de chocolat. Enfin, tout ce qu’il nous faut pour un moment hygge ! Je vous présente donc “Printemps d’Aphrodite” et “Ode à la Traviata”.

étole tissage artisanal fils filés au rouet
Étole “Printemps d’Aphrodite”
étole tissage artisanal fils filés au rouet
Étole “Ode à la Traviata”

Losange, mon ange…

écharpe tissage artisanal cadres

Enfin, enfin j’ai pu déplier (après l’avoir dépoussiéré !!!) mon métier à cadres ! Je n’avais pas eu le temps d’y toucher depuis des années. Ne vous étonnez pas si je ne progresse pas. La faute à ma tendance à m’enterrer moi-même sous des avalanches de projets…

Mais voilà, j’avais un cadeau d’anniversaire à faire, à une personne qui apprécie mon travail, et c’est très motivant. Donc, j’ai décidé de partir sur un projet fait main de A à Z. Disons de C à Z, puisque je n’ai ni tondu les moutons, ni teint la laine.

J’ai choisi une opposition de blanc et de bleu, blanc pour faire ressortir les motifs, bleu parce que le destinataire de cette écharpe a les yeux bleus (fastoche). Pour le blanc, j’ai filé du shetland. Pour le bleu, j’ai cardé plusieurs coloris en restant sur une recette que j’aime bien, 80 % mérinos 20 % soie. Quelques heures de filage plus tard, j’obtenais deux beaux écheveaux, vite passés en pelote. Mes stagiaires connaissent bien ma routine : commencer par enrouler le fil sur une règle pour choisir le nombre de fils au centimètre, et ensuite tout roule ! On ourdit, on enfile et puis on tisse, hop hop ! Un petit motif de losanges pour changer de mes éternels chevrons que j’aime tant… que je n’arrive pas à en sortir. Mais les losanges, avouez, on n’est pas très loin des chevrons 😉

écharpe tissage artisanal cadres
écharpe tissage artisanal cadres
écharpe tissage artisanal cadres
écharpe tissage artisanal cadres
écharpe tissage artisanal cadres
écharpe tissage artisanal cadres
écharpe tissage artisanal cadres

C’est le retour des marchés de Noël !

L’année dernière, il a fallu faire l’impasse, et cette année, compte tenu du contexte difficile, certains ont encore dû être annulés, mais le marché de Noël de L’Archipel des créateurs, qui se tient en extérieur, sera maintenu ce week-end. De vendredi 10 décembre à dimanche 12 décembre, vous pourrez donc venir voir “en vrai” – et toucher, caresser, palper… – mes créations tissées à Vanves, place de la République.

J’exposerai parmi une trentaine de créateurs et de nombreux producteurs de terroirs de l’association Pari fermier qui viendront nous apporter leurs merveilles des quatre coins de la France. Il y aura également des animations, des concerts, des spectacles de rue… un peu de gaieté dans une époque qui a du mal à renouer avec le plaisir ! Venez nombreux !

Côté tissage, je présenterai pas mal de nouveautés, dont certaines sont encore en finition… ce sera une surprise ! Mais vous découvrirez trois petites nouvelles dans ma collection “Sismogrammes”. Quel plaisir de retrouver mon métier !

écharpe alpaga et soie tissée à la main en fil filé au rouet
écharpe alpaga et soie tissée à la main en fil filé au rouet
écharpe alpaga et soie tissée à la main en fil filé au rouet

Poncho d’automne

poncho tissé main

Peau d’Âne voulait une robe couleur du temps… je me contenterai d’un poncho couleur d’automne. C’est ma saison préférée – les températures fraîchissent et je peux enfin sortir mes châles, pulls, bonnets et écharpes de leurs boîtes et housses protectrices. Quel bonheur de s’emplir les yeux des mille couleurs que prennent les feuilles des arbres en octobre et en novembre !

Au cours des dernières années, j’ai accumulé plusieurs projets de tricot dans ces tons-là et j’ai soigneusement mis de côté tous les restes de pelotes dans un petit sac. C’est bien la raison d’être de ce petit métier que j’adore et qu’Ashford a baptisé “Knitter’s Loom”, autrement dit “métier de l’amateur de tricot” : permettre d’utiliser facilement nos restes de fil pour se faire de belles écharpes assorties à nos bonnets, cols et mitaines.

Cette année, après une longue période éloignée du métier à tisser, j’ai à nouveau pu faire des projets : un nouveau marché de Noël se profile ! Croisons les doigts pour que celui-là ne soit pas annulé… J’ai des milliers d’idées, il faut juste que je me réorganise pour dégager assez de temps. Comme mise en bouche, j’ai décidé que “charité bien ordonnée commence par soi-même” : rien ne me motiverait plus que d’entamer enfin mon cher poncho.

Pas de défi technique à relever : pour ce genre de poncho (qui ressemble un peu à un plaid), il suffit de tisser deux rectangles que l’on attache ensuite l’un à l’autre en nouant les franges (visualisez la technique ici). Les miens font environ 100 × 60 cm, c’est peut-être un peu grand, mais il me protège les mains. Et il me reste plein de fil !

poncho tissé main
Ma belle moisson de restes de pelotes aux couleurs de l’automne…
poncho tissé main
Petit point de finition pour stabiliser le début et la fin du tissage (les franges ne seront nouées qu’au moment de l’assemblage).
poncho tissé main
Pour assembler les deux pièces, on tire quelques fils à travers la lisière avec un crochet puis on réalise le nœud d’escargot habituel.
poncho tissé main
La façon la plus nette, la plus rapide et la plus simple de couper des franges régulières : une règle à patchwork et un cutter rotatif !
poncho tissé main

C’est la saison des sacs… je transporte aussi mon “marudai” !

sac marudai kumihimo cordons japonais

Il y a quelque temps que j’ai commencé à réaliser des cordons et des lacets en kumihimo.

C’est un art japonais trrrès ancien qui consistait (et consiste toujours) à tresser des lanières et cordons de toute sorte pour fermer les vêtements avant l’invention du très récent bouton mais pour aussi orner des armures ou des épées, entre autres. Moi qui aime bien réaliser les choses d’un bout à l’autre, cela me convenait tout à fait pour fabriquer des coulisses de petits sacs, de pantalon, etc.

J’ai commencé avec une banale rondelle de mousse, mais je n’arrivais pas à faire des cordons réguliers et j’ai vite compris (grâce à mon expérience en tissage) que c’était une question de tension. Après avoir un peu économisé, je me suis donc offert un marudai (le “tabouret” de tissage) et des tamas (les poids), ainsi que deux livres très bien faits.

Il ne me restait plus qu’à confectionner quelques sachets en chutes de tissu pour ranger les tamas, pour réaliser le contrepoids que l’on accroche au cordon en cours de tressage (lesté avec une poignée de billes que mon fils m’a gentiment cédées : il suffit d’en ôter ou d’en rajouter pour l’équilibrer selon le nombre de tamas utilisés)… Et aussi, bien sûr, un sac plus grand pour ranger le marudai (le modèle que je possède est démontable : le socle, la partie supérieure que l’on appelle “miroir” et les quatre pieds se dévissent, ce qui le rend tout à fait transportable bien qu’il soit assez lourd) ainsi que les livres.

sac marudai kumihimo cordons japonais
Un ouvrage de huit fils (donc huit “tamas”) presque terminé sur le “marudai”.
sac marudai kumihimo cordons japonais
Le contrepoids.
sac marudai kumihimo cordons japonais
Les sachets de rangement.

J’ai complété le tout avec une anse dans des coloris assortis, tissée à l’aide de mon inkle loom.

Bien sûr, les cordonnets fermant les sachets et celui qui clôt le sac lui-même, cousu à la façon d’un brandebourg, ont tous été réalisés à l’aide du marudai. J’avoue que, même si le disque en mousse a trouvé sa place dans une des poches du sac, le marudai est beaucoup plus confortable et efficace (et j’adore la petite musique des tamas qui se heurtent légèrement lorsqu’on alterne leurs positions). Je le garde donc, mais seulement au cas où mon fils déciderait de se mettre un jour aux bracelets brésiliens !

sac marudai kumihimo cordons japonais
sac marudai kumihimo cordons japonais
Un brandebourg à ma façon…

Un sac de transport pour inkle loom

tissage inkle loom
tissage inkle loom

Vous me connaissez, j’adore fabriquer des sacs et pochettes adaptés au rangement de ci ou ça.

Par exemple, quand j’ai acheté mon Knitter’s Loom, il n’était pas encore à l’époque vendu avec son sac de transport, et j’en ai fait un sur mesure, avec de belles anses en tissage aux cartes, et toutes les petites poches nécessaires pour ranger le matériel, navettes et autres.

Quand j’ai abandonné mon inklette pour le modèle plus grand (et un peu plus encombrant), j’ai eu envie d’en faire autant. J’ai tellement de chutes de tissu que c’est typiquement le genre de projet que je peux lancer quand il me passe par la tête, sans attendre !

D’abord, j’ai bricolé une sorte de couverture de carnet pour ranger mes lisses. C’est un truc tout simple mais j’en suis très fière, c’est tellement pratique ! Bien sûr, on peut les mettre dans un sachet en plastique, mais elles ont tendance à s’emmêler. Là, j’ai cousu vite fait une pochette rectangulaire, puis j’ai coupé deux morceaux de carton dans lesquels j’avais pratiqué un trou rond (oublié de photographier cette étape ! désolée !), à 1 cm du bord, au milieu du bord long. Dans ces trous, j’ai inséré deux aimants. J’ai glissé le premier morceau de carton au fond de ma pochette (avec l’aimant à gauche), je l’ai maintenu en place par une piqûre et j’ai glissé le second à la suite (avec l’aimant à droite). Il ne restait qu’à replier le tissu vers l’intérieur et refermer le tout avec une couture invisible. Quand on plie en deux cette sorte de carnet sans pages, les aimants le maintiennent fermé. Je range mes lisses à l’intérieur et elles se tiennent bien sages. Il faut dire que de mignons petits moutons roses et bleus les surveillent 😉

tissage inkle loom
tissage inkle loom

Le sac en lui-même est tout simple, rectangulaire, avec des coins rabattus à l’intérieur (de la largeur de l’inkle loom). J’ai cousu à l’avant des petites poches pour ranger mon “carnet” à lisses, ma navette et mes cartes. Il ne restait plus qu’à tisser un beau galon, avec un motif tout simple (pas besoin de recourir aux cartes) – là, j’ai quand même cardé un peu de laine colorée pour obtenir des teintes les plus proches possibles des moutons imprimés sur mon tissu et j’ai filé juste ce qu’il me fallait pour tisser ce galon. Une fois coupé en deux, hop hop, deux jolies anses bien douces et assez larges pour ne pas blesser l’épaule quand on transporte l’inkle loom. Dans le sac, je range aussi mon livre de motifs, The Weaver’s Inkle Pattern Directory d’Anne Dixon…

tissage inkle loom
tissage inkle loom
tissage inkle loom
tissage inkle loom
tissage inkle loom
tissage inkle loom

Ceinture tissée

ceinture tissée sur inkle loom

Dans un de mes magasins de tissu préférés, chez Jhin (quelle caverne d’Ali Baba ! que de tentations !), j’ai trouvé un superbe patron de yukata (peignoir d’été japonais), et j’en avais justement promis un à mon petit Prince. Il a choisi un beau tissu bleu à vagues pointillées, qui s’est avéré très agréable à travailler. Le patron était entièrement en japonais mais, avec un peu d’application, j’ai réussi à tout comprendre (je n’en suis pas peu fière). De toute manière, quand je l’ai acheté, la vendeuse m’a affirmé que si je ne comprenais pas quelque chose, je n’avais qu’à repasser la voir pour me le faire expliquer.

Une fois le vêtement fait, il lui fallait une ceinture, pas un vrai obi mais une ceinture plus étroite pour le fermer. Il faut dire que mon petit Prince avait pris l’habitude de le fermer avec sa ceinture d’aikido, d’un jaune qui me piquait carrément les yeux ! Ouille, ouille ! J’ai donc sorti mon inkle loom et quelques mètres de coton plus loin, tadam ! Une jolie ceinture… Le motif qu’il a choisi est très simple, et sort du livre The Weaver’s Inkle Pattern Directory d’Anne Dixon.

ceinture tissée sur inkle loom
ceinture tissée sur inkle loom
ceinture tissée sur inkle loom

Plutôt que de faire une finition à franges, j’ai utilisé les derniers centimètres de tissu qui me restaient pour réaliser une bordure cousue. Il suffit de sécuriser le tissage avec un ou deux zigzags à la machine et de l’enfermer dans une bande de tissu pliée en deux, et hop, le tour est joué ! (Je précise que cela va plus vite et que le résultat est plus joli si on fait les finitions à la main…)

ceinture tissée sur inkle loom

Octaédrier : la fin de l’aventure

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

C’est un long projet, non ? Trois ans ! Comme je vous l’ai déjà dit en décembre dernier, je l’ai commencé en 2018… Je l’ai abandonné, oublié, repris… et finalement, en décembre 2020, j’ai pris le temps de retordre chaque jour une ou deux petites “tortues” de fil coloré. Au final, j’ai obtenu plus de 1 000 mètres de fil, mine de rien ! Et 26 coloris différents…

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

Quand j’ai commencé à mettre mes fibres de côté, je l’ai fait complètement au hasard : je n’avais pas d’idée précise en tête. Mais quand j’ai vu s’accumuler mes bébés pelotes, j’ai senti qu’il était impossible de les séparer… trop mignonnes ! Comment les réunir en un seul et même ouvrage ? J’ai pensé tricot, mais le fil était toujours assez fin (je ne sais pas filer gros au fuseau) et je me suis dit que, là encore, ça allait prendre des années, et que je risquais de le laisser de côté souvent. Donc j’ai pensé tissage. En trois jours, c’était plié.

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

Ce qui m’a fait le plus réfléchir était la manière d’organiser mes 26 coloris. Ce tissage allait être bien bariolé ! Mais je ne voulais pas gâcher de fil, il fallait donc bien en utiliser la moitié pour monter la chaîne. Comme les fils n’avaient pas tout à fait la même grosseur, je me suis dit que prendre la moitié des coloris pour la chaîne et l’autre moitié pour la trame était peut-être un peu risqué. Le plus prudent était d’utiliser la moitié de chaque coloris pour la chaîne, et le reste pour la trame. Pour cela, je me suis tout simplement munie d’une balance de précision (la plupart des mini-pelotes ne pesaient pas 10 g).

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

En plus, je préférais que chaque coloris se trouve à la fois en chaîne et en trame pour qu’ils se croisent : cela permettait de voir chaque coloris “pur” en carré individuel, ici et là, tandis que des centaines d’autres coloris (je vous laisse faire le calcul) allaient naître des croisements de fils de coloris différents. Vous me suivez toujours ? 😉

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

Bon, mais l’ordre des coloris ? Là, je n’ai pas eu trop envie de me casser la tête. Je ne voulais pas un arc-en-ciel fondu, mais bien des contrastes francs. J’ai donc commencé par classer mes pelotes… en arc-en-ciel. Vous le savez, que j’ai l’esprit de contradiction !

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

Ensuite, j’ai placé le noir au milieu et j’ai échangé les places d’une pelote sur deux : une verte contre une rose, etc. Il n’y avait plus qu’à monter la chaîne. J’ai commencé par le milieu pour pouvoir m’autoriser à faire d’autres échanges si l’ouvrage n’était pas bien centré sur le peigne, mais au final, je n’en ai pas eu besoin. Le processus était long mais simple : je plaçais la pelote sur la balance et je tirais mes longues boucles de fil, je coupais le fil et l’attachais à la baguette d’ensouple arrière quand j’approchais de la moitié du poids.

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

J’enroulais ensuite le reste du fil sur une navette – heureusement que j’en ai beaucoup ! Mais je n’en possède tout de même pas 26 et j’ai dû mettre deux coloris sur chaque navette, ce qui est parfois un peu casse-pieds au moment du tissage. Et bien sûr, j’ai rangé les navettes dans le bon ordre pour reproduire, sur la trame, les rayures de couleur de la chaîne. Un exercice méditatif très agréable.

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

La neige est arrivée, le froid aussi, j’ai donc pu porter mon écharpe sitôt après le blocage ! Je l’ai même un peu prêtée… hum, juste pour la photographier. J’y tiens jalousement ! Car, comme vous pouvez vous en douter, elle va avec absolument TOUS mes vêtements et mes chapeaux ! 😊

Edit : Pour répondre aux questions que l’on m’a posées ici et là, l’écharpe mesure 2 mètres de long (sans les franges) et 50 centimètres de large. Il me reste 34 grammes de fil. Je peux être satisfaite de mes calculs visant à optimiser au maximum ma matière première !

écharpe tissée main fils fuseau octaédrier

Pochette confinée, mais fleurie

pochette cousue main en tissu et sangle inkle loom

Nous ne sommes plus supposés être confinés, mais il n’est quand même pas simple de prendre les transports en commun en région parisienne pour le moment. Et je n’ai pas de magasin de tissu près de chez moi. J’ai donc fabriqué mon cadeau de fête des Mères avec ce qui traînait dans mon atelier… mais, je vous rassure, il y a largement de quoi faire ! Avec ma manie de ne rien jeter, presque toutes les chutes de tissu de mes vêtements sont prêtes à se transformer en petits ouvrages. Sans compter que ma mère me donne de temps en temps des morceaux de tissus anciens et beaux dont elle n’a pas pu se séparer.

Et je peux vous le dire, tout au long de ce confinement, j’ai béni ma tendance à accumuler du matériel et des matières premières – et ce dans tout les domaines, même celui du papier et du toner d’imprimante !

pochette cousue main en tissu et sangle inkle loom

Par exemple, ce très beau tissu à fleurs vient de rideaux que ma mère a confectionnés il y a des décennies. Il en restait très peu, mais cela suffisait pour les poches (extérieure et intérieure) d’une petite pochette à porter en bandoulière. C’est ce qu’elle préfère utiliser pour aller faire du shopping. J’ai fouiné dans mes chutes de lin pour le sac en lui-même et sa doublure, j’avais déjà le fil et le bouton magnétique, je n’ai acheté que la fermeture à glissière.

En fait, le confinement ayant causé une certaine sur-occupation de notre appartement dans la journée, j’ai dû souvent retransformer mon atelier en bureau et le partager, donc oublier toutes les activités exigeant un gros déploiement de désordre et de matériel encombrant : tissage, cardage et filage fantaisie, teintures… Je me suis restreinte au tricot et au filage au fuseau, mais j’ai quand même essayé d’avancer mes nombreux projets de couture.

Or, devant quelques pièces de vêtement un peu plus compliquées, j’ai parfois un blocage de couture. Je m’attends à des difficultés ou des gestes fatigants (manipuler plusieurs mètres de tissu très lourd pour tailler un grand peignoir en nid-d’abeilles de lin, par exemple) et une grosse flemme m’envahit. Dans ces cas-là (et ça vaut pour bien des types d’ouvrage), il faut “réamorcer la pompe” avec quelque chose de rapide et facile. Or, en couture, ce que j’aime faire, c’est des petits sacs. J’ai donc décidé de faire une série de sacs pour me remettre en selle… d’où cette pochette.

Le modèle est assez simple à réaliser, même si j’ai toujours quelques difficultés à faire des finitions parfaites au niveau des fermetures à glissière ; il permet d’utiliser de petites pièces de tissu en savourant le plaisir d’assortir les couleurs. En plus, j’ai quand même pu tisser un peu sur mon inkle loom, qui n’est pas aussi encombrant qu’un vrai métier, pour réaliser une bandoulière assortie… avec les restes de coton de mon plaid Nuts About Squares. Ils étaient pile-poil dans la bonne harmonie de couleurs !

pochette cousue main en tissu et sangle inkle loom
pochette cousue main en tissu et sangle inkle loom

Sous couverture

couverture tissée à la main fil filé au rouet

En matière de tissage comme de filage ou de tricot, j’aime varier les plaisirs, et surtout l’investissement que nécessitent les ouvrages. Par exemple, je ne passe pas autant de temps sur une paire de mitaines ou de chaussettes en fil teint à la main que sur un pull entièrement réalisé en filé main. De la même manière, s’il m’arrive parfois de terminer une petite besace tissée en une journée, il m’a fallu des mois pour achever cette couverture.

couverture tissée à la main fil filé au rouet

D’abord, le filage : je sais que certains amis que j’aime tendrement vont hurler, mais j’ai choisi le mérinos superwash. Comme je dors généralement peu habillée, je ne voulais pas qu’elle gratte. Et je n’envisageais pas de laver à la main un objet en laine de plus de 2 kilos. Savez-vous que la laine, une fois gorgée d’eau, pèse 10 fois son poids ? Eh bien, manipuler 20 kilos de laine mouillée dans ma baignoire, le dos cassé, très peu pour moi.

couverture tissée à la main fil filé au rouet

J’ai filé et tissé au fur et à mesure pour que l’expérience ne soit pas trop monotone. En effet, il me fallait près de 2,50 mètres en largeur comme en longueur et je ne pouvais pas faire cela tout d’une pièce, surtout pas sur mon métier à peigne envergeur de 70 centimètres de large ! Cette couverture est donc un excellent exemple de ce que l’on peut obtenir en assemblant plusieurs pièces tissées. En tout, j’ai tissé quatre bandes d’environ 2,50 mètres de long ; je commençais par filer 3 écheveaux de 200 grammes (heureusement, le fil était assez gros : environ 1 500 m/kg), je tissais une bande (avec un peigne de 20/10 : je ne voulais absolument pas que le tissu soit tassé), puis je me remettais à filer, etc.

couverture tissée à la main fil filé au rouet
couverture tissée à la main fil filé au rouet
couverture tissée à la main fil filé au rouet

Voici quelques chiffres pour vous donner une idée du parcours qui m’a menée au résultat final…

  • En tout, j’ai filé 11 écheveaux d’environ 200 g chacun, plus un petit rab pour achever l’assemblage. Cela m’a pris plus de 75 heures !
  • J’ai tissé pendant environ 25 heures.
  • L’assemblage des morceaux, réalisé au crochet, a pris environ 5 heures.
  • Au final, cette couverture pèse à peu près 2,2 kilos.
couverture tissée à la main fil filé au rouet
couverture tissée à la main fil filé au rouet

Nous l’utilisons depuis plusieurs semaines et c’est un vrai bonheur. J’ai voulu un tissage très aéré, elle est donc malgré tout légère, et chaude juste ce qu’il faut. Elle est assez élastique, ce qui n’est pas désagréable quand on la partage. Enfin, elle est extrêmement douce, une vraie caresse, et elle dégage un très discret parfum de laine que j’adore (et je ne suis pas la seule).

Si vous êtes tenté de vous lancer dans l’aventure, je crois que vous avez toutes les données nécessaires 🙂