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Deuxième inspiration pour ma collection “Mon livre de chevet”, ce beau volume appartient à la collection des œuvres complètes de Jules Verne que mes parents ont eu la gentillesse de m’offrir il y a bien longtemps. C’est une reproduction exacte de l’édition d’origine.

Je ne peux pas me replonger dans ces romans sans retomber dans la peau de la fillette coiffée en nattes qui aimait manger des gaufrettes en bouquinant, sous un oranger du jardin. Parfois (honte), je retrouve encore quelques miettes et je sens le goût de la crème à la vanille, que je léchais après avoir séparé les deux gaufrettes. C’est ma madeleine de Proust à moi…

“Dans ce but, Godfrey crut devoir installer un mât de pavillon à l’extrémité du cap qui se projetait vers le nord, et il sacrifia la moitié d’un drap trouvé dans la malle. En outre, comme il craignait que la couleur blanche ne fût visible que dans un rayon très restreint, il essaya de teindre son pavillon avec les baies d’une sorte d’arbousier qui croissait au pied des dunes. Il obtint de la sorte un rouge vif, qu’il ne put rendre indélébile, faute de mordant, mais il devait en être quitte pour reteindre sa toile, lorsque le vent ou la pluie en aurait effacé la couleur.”

L’École des Robinsons, Jules Verne

Ce n’est pas seulement une page de calendrier que je tournais il y a quelques jours en commençant cette nouvelle année, c’était aussi le dernier feuillet de ma collection dédiée aux arts de la table. Voici donc un élément du service qui attendait mes invités au dîner du réveillon.

J’en sais très peu de choses, sinon qu’il faisait partie du trousseau de ma grand-mère lors de son mariage, dans les années 1930. Il s’agit d’une porcelaine Art déco de Schlaggenwald, en Bohême (aujourd’hui République tchèque). Il a un petit côté biscornu et original qui me plaît beaucoup et me rappelle bien des souvenirs de déjeuners familiaux du dimanche où, petite fille, je m’ennuyais parfois, n’étant pas trop censée participer à la conversation. Pour me distraire, je m’interrogeais sur les motifs bizarres qui ornaient cette petite soupière. Peut-être des végétaux un peu étranges, comme ceux que j’admirais dans mes chers dessins animés de René Laloux ? Je me suis longtemps promenée en rêve dans ce jardin que j’imaginais, allez savoir pourquoi, sablonneux et désertique.

Cette collection représente 50 heures de travail et un an de réflexions diverses. Les douze écheveaux qui la composent (un pour chaque mois) sont en vente dans la boutique, mais je continuerai certainement à m’inspirer de mes services à thé et autres pour de nouveaux écheveaux. Cependant, il va être temps de vous dévoiler une nouvelle collection… Suspense… 🙂

Je peux le dire chaque jour, je suis entourée d’amies aussi gentilles que généreuses. Je vous montrais en août un adorable petit bol à thé offert par Chantal, mais elle n’est pas la seule à qui ma collection inspirée des arts de la table a donné des idées, puisque Cathy aussi m’a fait un cadeau : ce ravissant service à thé venu de Corée. J’ai essayé d’en traduire en fil les motifs délicats, avec des touches de bourrette de soie…

L’automne est un peu bougon cette année. Les arbres ne sont pas avares de couleurs et nous régalent les yeux, mais le soleil, lui, joue les timides. Je préfère rester bien au chaud avec mes bouquins, mes rouets et un bon thé ! Faire la poussière sur les étagères du buffet, c’est un peu feuilleter l’histoire familiale. Ma grand-mère a acheté ce drôle de petit service à thé chinois à un marin, sur le port de Casablanca, alors qu’elle travaillait aux douanes au temps du Protectorat… Toute une histoire ! La porcelaine est si fine qu’on voit la lumière à travers les zones qui ne sont pas peintes, et chaque tasse est si légère qu’elle donne une grande impression de fragilité. J’en ai longtemps trouvé plutôt laide la décoration bizarre, mais j’ai fini par me prendre d’affection pour ce service. Il est donc naturel qu’il ait trouvé sa place dans ma collection inspirée des arts de la table…

Ce n’est toujours pas du thé que je savoure aujourd’hui dans le cadre de ma collection inspirée des arts de la table, mais de l’eau claire – d’abord parce qu’il a fait très chaud par chez moi ces jours-ci, et puis aussi pour contrebalancer les excès du mois dernier 😉

Mon eau claire est dans un pot d’étain. Difficile de rendre le lustre légèrement étouffé de ce beau métal. J’ai choisi ce que l’on appelle “bambou carbonisé” : la couleur de ces fibres de viscose issue du bambou est obtenue par le procédé de fabrication et non pas par teinture. C’est une fibre spéciale, un peu crissante, un peu glissante, que je ne mettrais pas dans toutes les mains, mais elle est très douce et offre un beau tomber.