Voilà quelques jours que je vous dévoile les nouveautés que j’ai créées pour la Fête de la Laine de Malakoff, et voici les… avant-dernières. Les dernières, je n’ai pas eu le temps de les photographier donc, si vous avez envie de les découvrir, il va falloir vous déplacer ! Ou patienter pour retrouver en boutique celles qui n’auront pas déclenché le coup de cœur. Petit indice : ce sont des sacs à ouvrage…
J’ai ressenti une grosse montée d’inspiration au début de l’hiver, pendant un séjour dans le Cotentin. Sur les bons conseils de notre logeuse, nous avions quitté notre gîte à potron-minet pour aller faire quelques emplettes gourmandes à la fantastique biscuiterie de Quinéville. En décembre, au début de la matinée, quand il fait beau, le soleil inonde cette route longeant la mer avec une sorte de précaution qui donne à chaque chose une nuance délicate. Il n’en fallait pas plus pour inventer une collection de fils. Ils seront là, dès samedi matin, à Malakoff. Une affaire d’environ 350 km… Ça, c’était le chemin de l’inspiration. Les écheveaux, eux, ont été réalisés en région parisienne avec des teintures Oeko-Tex 😉
Et là, je vous l’avoue tout cru, je ne me souviens plus du tout, du tout, du tout où j’ai lu cette expression. Mais elle n’est pas très connue, alors ne vous sentez surtout pas bêta si vous avez dû lire la petite note…
Si vous vivez en France, ces derniers mois, vous avez dû beaucoup en entendre (et en lire) sur la crise énergétique, sur la nécessité d’économiser l’énergie et donc, entre autres, de diminuer le chauffage dans les logements, les bureaux, les lieux publics, etc. Bien sûr, il ne s’agit pas de nier les problèmes des personnes vivant dans des logements mal isolés qui souffrent réellement – et cruellement – du froid. Là, clairement, il faut agir.
Mais on est aussi nombreux à avoir un copain, un voisin, un collègue qui tient encore à chauffer son appartement ou sa maison à 23 °C pour pouvoir vivre toute l’année en tee-shirt. Agaçant, hein ?
C’est le moment de laisser parler votre amour de la laine, du tricot, des belles fibres, etc. Portez haut les couleurs de votre loisir créatif préféré ! Plaidez pour la laine !
Vous pouvez obtenir gratuitement cette affiche pour l’imprimer et l’accrocher où bon vous semble : pour cela, cliquez sur le bouton vert ci-dessous pour la télécharger au format PDF. Si vous souhaitez juste la partager, utilisez les liens de réseaux sociaux pour partager le post, ou faites un clic droit sur l’image pour l’enregistrer et vous en servir à votre guise… mais dans le respect des personnes qui l’ont réalisée.
Cette affiche est issue d’une collaboration avec la talentueuse illustratrice Joëlle Wolff. Nous y avons toutes les deux passé beaucoup de temps, elle pour dessiner cet adorable Loup en pull vert, moi pour la conception et la calligraphie. Nous vous l’offrons : merci de jouer le jeu. Ne la modifiez pas, ne la détournez pas, ne supprimez pas la signature. Merci d’avance !
Il y a quelque temps que j’ai commencé à réaliser des cordons et des lacets en kumihimo.
C’est un art japonais trrrès ancien qui consistait (et consiste toujours) à tresser des lanières et cordons de toute sorte pour fermer les vêtements avant l’invention du très récent bouton mais pour aussi orner des armures ou des épées, entre autres. Moi qui aime bien réaliser les choses d’un bout à l’autre, cela me convenait tout à fait pour fabriquer des coulisses de petits sacs, de pantalon, etc.
J’ai commencé avec une banale rondelle de mousse, mais je n’arrivais pas à faire des cordons réguliers et j’ai vite compris (grâce à mon expérience en tissage) que c’était une question de tension. Après avoir un peu économisé, je me suis donc offert un marudai (le “tabouret” de tissage) et des tamas (les poids), ainsi que deux livres très bien faits.
Il ne me restait plus qu’à confectionner quelques sachets en chutes de tissu pour ranger les tamas, pour réaliser le contrepoids que l’on accroche au cordon en cours de tressage (lesté avec une poignée de billes que mon fils m’a gentiment cédées : il suffit d’en ôter ou d’en rajouter pour l’équilibrer selon le nombre de tamas utilisés)… Et aussi, bien sûr, un sac plus grand pour ranger le marudai (le modèle que je possède est démontable : le socle, la partie supérieure que l’on appelle “miroir” et les quatre pieds se dévissent, ce qui le rend tout à fait transportable bien qu’il soit assez lourd) ainsi que les livres.
J’ai complété le tout avec une anse dans des coloris assortis, tissée à l’aide de mon inkle loom.
Bien sûr, les cordonnets fermant les sachets et celui qui clôt le sac lui-même, cousu à la façon d’un brandebourg, ont tous été réalisés à l’aide du marudai. J’avoue que, même si le disque en mousse a trouvé sa place dans une des poches du sac, le marudai est beaucoup plus confortable et efficace (et j’adore la petite musique des tamas qui se heurtent légèrement lorsqu’on alterne leurs positions). Je le garde donc, mais seulement au cas où mon fils déciderait de se mettre un jour aux bracelets brésiliens !
En ces temps de confinement, nous avons beaucoup joué, tous
les quatre. Les exigences du télétravail et des télé-études faisaient que, dans
la journée, nous avions tendance à nous enfermer chacun dans une pièce pour
nous concentrer sur nos tâches, et une fois les corvées quotidiennes achevées,
rien de tel qu’un apéro ludique pour relâcher la pression.
L’occupation première a été un grand tournoi de canasta (certes, à quatre, les équipes n’étaient pas très variées : les grands contre les petits, les filles contre les garçons ou les jeunes contre les vieux). C’est un jeu assez peu connu en France, mais j’ai des souvenirs émus de soirées familiales très animées partagées avec mes parents, frères et sœurs quand j’étais gamine. Lorsqu’on est assez nombreux, il se joue par équipes et je peux vous dire que les caractères se révèlent très franchement à cette occasion ! 😀
Lorsque j’ai quitté la maison, mes parents ont eu la gentillesse de me donner les deux jeux de cartes avec lesquels nous jouions ; ils ont plus de quarante ans de bons et loyaux services et présentent l’usure idéale pour construire des châteaux de cartes, mais nous continuons à jouer à la canasta avec. C’est l’occasion de vous montrer un petit bricolage qui remonte à quelques années : avec du carton plume, j’avais fabriqué un support pour ranger les cartes ainsi que les petits carnets et crayons indispensables pour noter les scores. Quelques pense-bêtes sur les règles et les points sont venus en décorer les parois.
Au moment de changer de jeu pour proposer un peu de variété à ma tribu, j’ai découvert que nous avions perdu notre tapis de dés. Il faut le faire ! On va dire qu’il été rangé avec beaucoup d’inventivité et qu’on le découvrira lors d’une réorganisation de placards, voire carrément d’un déménagement… En même temps, cela tombait bien, j’avais sur un de mes bureaux un petit plateau en bois carré que je n’avais pas eu le courage de jeter (je n’aime pas jeter ! vous le savez bien…), reliquat d’un cadeau gourmand genre chocolats ou pâtes de fruits. Il me fallait juste un petit bout de feutre pour le tapisser (le bruit des dés lancés sans relâche m’agace, surtout quand je ne joue pas parce que je suis en train de travailler dans la pièce d’à côté).
C’était l’occasion de renouer avec le feutrage, que j’ai beaucoup négligé ces dernières années. Les journées sont si courtes !
Pour l’occasion, inutile de couvrir de plastique, comme je le faisais habituellement, la table familiale, et de toute façon, l’occupation des pièces de l’appartement ne me permet pas actuellement de m’étendre trop pour bricoler (deux mois sans tissage ! merci de m’envoyer toute votre compassion…). Un petit bout de plan de travail dans la cuisine a suffi. Il me fallait un carré de feutre d’environ 25 cm de côté. Je crois que le séchage de ce morceau de falkland feutré (quatre couches, quand même) a pris plus longtemps que sa fabrication, son découpage et son collage sur le petit plateau de bois !
Le résultat est parfait, on n’entend pas du tout les dés qui rebondissent de manière réjouissante. J’ai imprimé quelques grilles, je n’ai plus qu’à inviter mes affreux à apprendre à jouer au yams, en anglais yahtzee, un jeu lui aussi tiré de mes souvenirs de jeunesse 🙂
Je ne crois pas qu’il ait une goutte de sang écossais dans
les veines, mais mon fiston porte le kilt.
Au début, c’était essentiellement pour suivre son papa en
concert, où les métalleux enfilent volontiers la jupe et, s’ils ne le font pas,
se montrent extrêmement tolérants en matière de look. J’ajoute qu’ils sont
aussi très protecteurs envers les bouts de chou, si bien que je n’ai aucune
inquiétude (ou presque, une maman n’est jamais 100% zen) à laisser filer ma
petite ablette jusqu’à la barrière de sécurité dans un concert d’Airbourne ou
de Queensrÿche, sachant qu’il sera pris en charge par de charmantes dames
elles-mêmes secondées par des gros costauds, et qu’il a même toutes les chances
du monde de rafler des médiators et des baguettes de batterie… voire de monter
sur scène…
Bref, le kilt est de mise pour les concerts, mais pas seulement. Par exemple, quand nous allons au pub spinning déguster un super fish & ships, le kilt est de rigueur. Et puis finalement, il s’est décidé à le porter au collège où le physio (hem, le portier) a fortement haussé les sourcils mais n’a pas trouvé dans son cher règlement l’alinéa interdisant à un garçon d’aller étudier en jupe.
Sauf qu’il y a des saisons où porter la jupe, même si on n’a pas de sang de highlander et qu’on met un caleçon, ça fait froid aux papattes.
J’avais depuis longtemps promis une paire de guêtres bien chaudes et assorties à son tartan violet, bleu foncé, noir et blanc signé Heritage of Scotland (ma chère). Avec le confinement, impossible d’arguer que je n’avais pas le temps, il fallait s’atteler au projet.
J’ai commencé par faire un écheveau dans ces tons-là avec un
mélange cardé de mérinos et soie colorés que j’avais en stock, mais je devais moi-même
avouer qu’on n’y était pas tout à fait et Fiston a beau être très poli, il a la
sale habitude d’être honnête. Bref, je devais revoir ma copie et me montrer un
peu plus exigeante.
Du coup, je suis passée en mode teinture et, au bout de
quelques étapes de surteinture (en matière de couleur, il faut toujours s’approcher
à très petits pas de son objectif…), j’ai mis la main exactement sur le violet
et le bleu qu’il me fallait. Il ne restait plus qu’à ajouter du noir et de la
soie maulbère blanche (re-ma chère), à sortir la planche à rolags, et pouf !
Au moment de faire les rolags, toutefois, un instant de
réflexion. Je voulais retrouver le motif du tartan, mais je ne voulais pas de
rayures franches non plus. Du coup, j’ai fait la moitié des rolags (pour le
premier brin) en alternant franchement les coloris, et l’autre (pour le second)
en les mélangeant de manière plus fondue. Je comptais sur un fil qui allait
changer de couleur selon les rayures du tartan, mais pas de manière trop
tranchée.
L’écheveau était doux et moelleux, mais difficile de dire en
le voyant si j’allais obtenir le tricot que j’avais en vue… et en matière de
filage, rien n’est sûr avant la toute fin de l’ouvrage. Je me suis donc précipitée
sur mes aiguilles pour réaliser les guêtres. Patron facile à imaginer : ce
ne sont que deux tubes de tricot circulaire en côtes 2/2.
Je suis satisfaite du résultat, et Fiston est ravi, il
paraît qu’elles sont très, très confortables.
Mais je n’avais pas terminé ma tâche : pour ses rangers en cuir de concert (indispensable si vous ne voulez pas vous faire écrabouiller les arpions pendant un “wall of death”), qu’il a dénichés l’été dernier sur une brocante… sans lacets, il fallait quelques mètres d’un beau cordon. Justement, je viens de me mettre au kumihimo ! Il me restait un peu de fibres violettes, j’ai donc filé vite fait quelques mètres de violet et autant de noir, et j’ai réalisé cette “tresse creuse” à huit brins. Les bouts en plastique ? Quelques centimètres de gaine d’électricien thermorétractable et un coup de chaud, hop !
Il me reste un peu de fil : pour des guêtres assez longues, qu’on peut retrousser, 135 g de fil ont suffi et j’en avais fait 200 par précaution. Je réfléchis à faire de gros pompons en laine pour customiser son casque de concert (indispensable pour protéger ses jeunes tympans), mais je ne sais pas trop si je pourrai aller jusque-là… 😀
Je devrais détester l’été parce que je crains la chaleur, et
que cette saison gorgée de soleil m’oblige à ranger mes pulls. Oui, mais l’été
se fait pardonner avec ses beaux fruits : melons, fraises, cerises, pêches
et l’incontournable pastèque dont je pourrais me rendre malade si mon organisme
n’y était pas si bien habitué. En automne, c’est autre chose, je me régale
surtout les yeux : les arbres du parc se parent de leurs plus belles
couleurs et dès que je mets un pied dehors, j’admire de belles écharpes, des
châles envoûtants, de jolis pulls… sans compter que je peux ressortir les
miens. C’est la saison rêvée pour la laine ! Côtés fruits, en revanche,
c’est un peu le désert.
Je compense avec mon dessert préféré, la salade de fruits.
Pierre Hermé fournit une recette que j’ai un peu simplifiée (il met trop
d’ingrédients à mon goût) et que je trouve délicieuse. Il y a de l’orange, du
pamplemousse et du citron vert (seulement les suprêmes, hein ! ça prend du
temps à préparer mais ça vaut le coup), ainsi que des petits cubes de mangue,
le tout nappé d’un sirop parfumé au gingembre, à la vanille, à la badiane et au
poivre, avec quelques zestes d’agrumes. Essayez, vous m’en direz des nouvelles.
Sur le forum Tricotin, section “Thème du mois”, j’ai demandé aux fileuses et fileurs si, à leur rouet ou leur fuseau préféré, ils en offraient, de la salade de fruits : “Oui, je vous parle de filage, là. Je parie que vous aviez oublié qu’on n’est pas sur un forum gastronomique… non non non, Supertoinette, c’est à côté, les gars !”
Pour filer une “salade de fruits”, je pioche des couleurs de saison – soit celles que m’inspire la saison, soit celles qui me plaisent le plus à ce moment-là – en diverses matières dans mon stock, et je sépare les mèches ou la toison en petits morceaux, à peine plus gros que la longueur de la fibre. Je balance tout ça dans un gros saladier et je brasse pour bien mélanger. Ensuite, j’en fourre de pleines poignées dans ma cardeuse, en tournant un peu trop vite pour qu’elle n’ait pas le temps de bien étirer les fibres. Cela va s’emmêler et faire des paquets : parfait, cela permet d’obtenir de superbes effets de texture.
Si on n’a pas de cardeuse, on peut tout de même bénéficier du côté “salade de fruits” en filant simplement les fibres telles qu’on les pêche – attention, sans regarder ! sinon on ne peut pas s’empêcher de choisir – dans le saladier. Après, la façon de filer, c’est au choix, mais je trouve que cela rend bien en core-spinning.
Pour ma part, finalement, je n’ai pas choisi le core-spinning : après avoir sélectionné une douzaine de coloris de mérinos dans des tons fruités et les avoir déchirés en petits morceaux, j’ai renoncé au cardage et je les ai attrapés au hasard – sans regarder… – dans le saladier pour les filer tout simplement les uns après les autres. J’ai fait un retors navajo pour conserver les portions de couleur dont les contrastes vitaminés me plaisaient plus qu’un mélange de tons. Il faisait si gris ! Le temps était si maussade, et les étals du marché aussi ! Je voulais mes fruits en morceaux plutôt qu’en compote… 🙂
Cela faisait longtemps que j’avais envie de tricoter le Baby Surprise Jacket d’Elizabeth Zimmermann ! J’étais sûre que c’était un modèle parfaitement adapté à la singularité des fils filés à la main… Je n’attendais plus que l’occasion, qui m’a été fournie par une petite June récemment débarquée sur Terre.
J’ai aussitôt teint 100 g de mérinos superwash (oui ! je le sais que ce n’est pas la fibre idéale ! mais les jeunes mamans non fileuses ont le droit de préférer les vêtements qui se lavent plus facilement… Enrico, ne me fais pas les gros yeux, je t’en prie) avec des couleurs un peu acidulées, et j’ai filé cette mèche en “fractal”, un peu plus fin que les écheveaux que je réalise d’habitude selon cette méthode.
J’ai pris un énorme plaisir à tricoter cette petite
brassière toute d’une pièce. Le modèle est facile et amusant, le style d’Elizabeth
Zimmermann et savoureux et, comme je m’en doutais, celui que l’on appelle
familièrement le BSJ met très bien en valeur les changements de teinte des fils
réalisés à partir de mèches teintes. Oui, je me suis régalée ! J’espère qu’il
plaira tout autant à la petite June et à ses parents.
Beaucoup de Français prennent quelques jours ou semaines de pause en juillet et août… et voici la question que j’ai posée en juillet aux fileuses et fileurs du forum Tricotin : pour vous, s’agira-t-il de vacances par rapport au filage que vous oublierez un temps au profit d’autres distractions – par exemple si vous n’aimez pas que la laine vous colle aux doigts – ou, au contraire, avez-vous la ferme intention de profiter de vos loisirs pour filer le plus possible ? Avez-vous un programme défini genre Tour de Fleece ou pensez-vous filer au petit bonheur la chance ? Si vous ne prévoyez aucun répit côté boulot, allez-vous considérer quelques moments de filage chipés en douce comme des mini-congés ? Fibresques ou pas, venez raconter vos projets de vacances !
C’est la fin des vacances, il est temps d’en parler avec
nostalgie…
Mes vacances à moi ont commencé avec un peu de frustration : pas question de participer au Tour de Fleece, comme j’avais pu le faire au cours des années précédentes, parce que j’avais trop à faire pour me préparer un projet couvrant trois semaines de pédalage. Mais je savais très bien que trois sublimes nappes dégradées signées Midian m’attendaient dans mon tiroir à trésors. Je les gardais de côté pour un projet de tissage spécial, et là, j’avais bon espoir (mais tout le monde sait que “si tu veux faire sourire Dieu, fais un projet… et si tu veux le faire rire, fais-en deux”) de pouvoir enfin lancer cette nouvelle collection d’écharpes pour l’hiver 2019. Donc je les ai emballées avec soin, j’ai calculé le nombre de bobines nécessaires, j’ai ajouté le rouet indispensable à l’équation et mon Prince Charmant n’avait plus qu’à caser tout ça dans la voiture familiale pour le départ vers un gîte accueillant de vacances, c’est-à-dire un endroit où je n’aie pas l’impression, à chaque fois que je pose les yeux sur le moindre objet, qu’il faut ranger-laver-réparer-remplacer-optimiser ou autre. Oui, c’est ça, des vacances : se poser avec son rouet et filer des nappes de Midian, soigneusement déchirées en bandes fines pour bien respecter le dégradé.
Une fois de retour à la maison, j’aurais adoré mettre tout
de suite ces écheveaux sur le métier, mais les impératifs de rentrée en avaient
décidé autrement ! Je ronge mon frein en attendant de pouvoir enfin m’y
mettre…
Je ne pouvais pas faire l’impasse sur une manifestation aussi proche de moi, à la fois sur le plan géographique et sur le plan créatif, que la Fête de la Laine organisée ce week-end à Malakoff, en proche banlieue parisienne. Des exposants talentueux, des ateliers passionnants, un défilé de mode, des petits jeux-concours avec des lots laineux à gagner (comme le ballon que je vous ai montré hier)… Ne résistez pas : si vous êtes dans le coin ce week-end, venez y faire un tour.
C’est toujours symbolique de commencer une nouvelle année, et on peut prendre ce symbolisme de bien des manières. En 2018, en tant que fileuse, je me suis posé des questions sur mes buts, mes désirs, je suis revenue sur mes accomplissements, je me suis interrogée sur les projets que je souhaiterais mener à bien cette année, sur les nouvelles choses que je voudrais apprendre. Je suis bien consciente que, pour progresser, pour être capable de réaliser exactement le type de fil que l’on souhaite, il faut toujours revenir aux bases. Et pour moi, la base du filage, c’est la laine, donc le mouton.
Bien sûr, j’adore filer la soie, l’alpaga, le mohair et bien d’autres matières, mais tout de même, je reviens toujours à la laine. Et comme je lave très peu de toisons – car cela n’est pas facile dans un petit appartement – j’oublie parfois que la laine, c’est le mouton. Donc, en janvier, j’ai proposé aux fileuses et fileurs du forum Tricotin de revenir au mouton avec un écheveau qui symbolise particulièrement cet animal. Que faire ? Laver une toison ? S’intéresser aux coloris naturels des moutons ? Aux particularités d’une certaine variété de mouton ?
Pour ma part, j’ai eu envie de rendre la texture d’une toison ; je voulais qu’elle soit aussi bouclée et aérienne que le “manteau” fraîchement coupé qu’on lance en l’air pour le déployer et le faire retomber bien à plat sur la table ajourée où les fibres seront triées. Il me fallait donc commencer par travailler avec des jolies boucles… C’était l’occasion de faire connaissance avec une nouvelle race de mouton, et j’ai acquis une centaine de grammes de leicester longwool. Des “locks” déjà lavées et écharpillées (ouf !), mais pas cardées. Ce n’est pas une fibre extrêmement douce, mais elle se prête magnifiquement aux effets de texture !