Un bonnet de bain en trois coups de cuiller à pot

DIY bonnet piscine shibori

Le mois de janvier marque traditionnellement la saison des bonnes résolutions ; si vous avez la malchance de lire beaucoup de magazines dits “féminins”, vous avez dû, cette année encore, subir nombre d’injonctions à ce sujet… Pour ma part, il y a longtemps que j’ai cessé de promettre d’être moins gourmande, ou de terminer tous mes encours avant de commencer de nouveaux projets (ce qui équivaut aussi au “péché” de gourmandise). Cela m’est impossible à tenir et cela va tout simplement à l’encontre de ma personnalité. Mieux vaut prendre la résolution d’accepter une bonne fois pour toutes qui je suis !

Mais apparemment, les nouveaux dirigeants de ma piscine favorite, eux, ont pris la bonne résolution de se conformer aux habitudes générales, et ils ont choisi de rendre l’usage du bonnet de bain obligatoire. Pour ma part, je suis contre : il suffit de demander aux nageurs de s’attacher les cheveux, ce que j’ai toujours fait, pour épargner un peu les filtres. Et j’ai eu le temps de remarquer, au fil des ans, que lorsque les gens sont “dépersonnalisés” – cachés derrière un bonnet et un masque ou de grosses lunettes – leurs compétences sociales s’amenuisent, et la simple courtoisie leur semble hors de propos, quitte à forcer le passage dans la file de nage d’un bon coup d’épaule ou de pied lorsqu’ils l’estiment nécessaire 🙁

Trêve de débat : le bonnet de bain étant devenu obligatoire, il me fallait désormais ce “précieux sésame” pour pouvoir m’offrir une heure de détente dans l’eau. Déjà, pas question d’utiliser l’affreuse capote anglaise en silicone qu’on doit enfiler avec précaution et un tant soit peu d’acharnement (comme le condom qui lui ressemble), tout en s’arrachant une poignée de cheveux au passage – comme si j’en avais trop…

Un bonnet en jersey irait peut-être. J’en ai acheté un sans l’essayer, taille XL, mais quand je l’ai enfilé sur mon pauvre crâne, l’élastique était tellement serré que j’ai eu l’impression d’avoir déménagé au pays (et au siècle) où serrer la tête d’un prévenu dans un étau était une forme de torture efficace. Encore un peu, et j’avouais mon âge et mon poids ! Adieu à ce vilain machin.

Pourtant, mon tour de tête est pile dans la moyenne du crâne féminin. Mettons que je sois trop sensible à la contrainte… 🙂

Il ne me restait plus qu’à renoncer à nager (snif), espérer de trouver une piscine moins conformiste en acceptant de gaspiller en transport des heures que je ne passerais pas à filer, teindre, tisser ou tricoter (liste non exhaustive), ou… faire un bonnet qui conviendrait à mon anatomie trop sensible.

Première cuillerée : le patron

Merci à Internet, j’ai trouvé facilement un patron gratuit et très simple : Noé le bonnet, sur le blog “Étoffe malicieuse”. Seulement trois bouts de tissu et un morceau d’élastique, le programme n’était pas indigeste.

Deuxième cuillerée : la teinture “shibori”

J’aime la couleur, quelles que soient les circonstances, et pas question de confectionner ce bonnet en Lycra noir. La dépersonnalisation, la morosité et l’uniformisation ne passeront pas par moi – j’adore La Servante écarlate, mais à condition qu’elle reste du domaine de la fiction !

Et j’étais pressée : pas envie de chercher un tissu original adapté à la confection d’un bonnet de bain, car ils sont assez rares en magasin et l’achat sur Internet, en pleines grèves (j’attends toujours un courrier international qui a été posté avant Noël…), me promettait quelques semaines sans nager. Vous le savez déjà, la patience n’est pas mon fort 😉

Heureusement, j’avais dans mes tiroirs un coupon de jersey de Nylon blanc acheté il y a belle lurette, à l’époque où j’avais le fantasme – toujours pas réalisé – de me coudre un maillot de bain sur mesure. J’en ai découpé trois rectangles correspondant à la taille des pièces du bonnet, avec une bonne marge, et j’ai commencé par les teindre en bleu turquoise.

Il y a une raison chimique à la chose que j’oublie à chaque fois, mais le Nylon se teint très bien avec des teintures pour fibres protéiniques (j’ai utilisé de la peinture pour soie Dupont), il avale même mieux et plus vite la teinture que la laine ou la soie ! C’est impressionnant !

Une fois ces bouts de Nylon secs, j’ai préparé mon shibori : après avoir plié les pièces en deux, j’ai cousu une série de demi-cercles le long de la bande centrale, et des demi-cercles concentriques au milieu des deux côtés. Je vous offre une petite astuce : ce tissu est très glissant et il est presque impossible de marquer un pli au fer, alors j’ai tout simplement vaporisé un peu de colle repositionnable en bombe sur l’envers avant de le plier. Il a ensuite été très facile de placer mes points de couture et de serrer le motif. Cela fait, j’ai replacé mes morceaux de tissu dans un bain de teinture bleu-violet (l’essentiel de la colle a disparu).

J’ai toujours du mal à être patiente avant de défaire le shibori, une fois que la teinture a pris. Compte tenu de la facilité du Nylon à gober les pigments, je n’ai pas attendu le séchage ; dès que l’eau a été bien claire et suffisamment refroidie pour m’éviter de me brûler, j’ai cassé le fil et déplié mon shibori. Le motif, très classique, me plaisait beaucoup. Vous verrez les traits de crayon qui ont guidé ma couture sur la photo : ils partiront au prochain lavage.

DIY bonnet piscine shibori
DIY bonnet piscine shibori
DIY bonnet piscine shibori

Troisième cuillerée : la couture

Après séchage, la découpe du tissu et l’assemblage ont été des jeux d’enfant. J’ai choisi un élastique très mou pour la bordure car comme je n’avais pas l’intention de plonger (interdit, ça aussi) ni de nager le crawl (berk 😀 ), ce bonnet n’avait pas besoin d’être serré. Sur la marotte “nue” où je l’ai placé pour la photo, il a l’air lâche et gondole un peu, mais sur ma tête, il va très bien. Toutefois, vous ne verrez jamais de photo du bonnet porté, j’ai encore ma dignité !

Et hop… au bain ! Bonnet testé et approuvé. Je ne suis pas sûre que la teinture résiste longuement au chlore, mais il me reste du tissu et je suis impatiente de tester d’autres motifs de shibori et d’autres couleurs 😉

Au passage, je me félicite que ce bonnet ne m’ait rien coûté, puisque je n’ai eu qu’à puiser dans mes réserves de tissu et de chutes d’élastique. Je ne suis pas près de prendre la bonne résolution de réduire mes stocks en me débarrassant de tout ce dont je ne me suis pas servie dans l’année écoulée… cela marche peut-être pour les geeks de la mode, mais cela va complètement à l’encontre de tout fonctionnement créatif.

DIY bonnet piscine shibori

Nouvelle crise de tie & dye !

tie & dye

Cela faisait un moment que je m’intéressais à la teinture du coton (y a pas que la laine dans la vie) et des fibres végétales comme le bambou… Mais toutes mes merveilleuses teintures Dupont ne pouvaient rien y faire… Fallait une nouvelle batterie d’armes redoutables ! J’ai voulu tester les teintures Jacquard Procion, balayant une mauvaise expérience datant d’un certain temps, car je ne trouvais pas très pratiques les petites capsules de Dylon. Je me suis donc offert le kit des couleurs de base, plus un pot de noir, vendu sous la forme d’un kit pour teindre des tee-shirts. En plus, j’aime ça, le tie & dye, moi qui ne suis pas du tout à la mode !;-)

Donc j’ai envoyé l’Homme dans son magasin de sport favori acheter des tee-shirts blancs à la taille de nos chères têtes blondes, et nous avons occupé un dimanche matin au pliage/nouage des tee-shirts et à leur teinture (après avoir pieusement regardé le DVD fourni). Ces produits ne se fixant pas à la chaleur, ils ont été enveloppés dans du plastique et laissés au repos 24 heures avant qu’on puisse les rincer et les laver… Le résultat était tellement pas mal du tout que l’Homme m’a fait remarquer aigrement : “Et pourquoi tu n’as pas fait ça avec des tee-shirts à notre taille, à nous ?” Clairement, c’est la prochaine étape !

tie & dye

Étole nuno et shibori

étole feutre nuno

Il suffit de feuilleter Shibori Designs & Techniques pour avoir envie de se jeter à corps perdu dans la technique à fils noués. Il y faut surtout de la patience ; personnellement, je n’en ai pas beaucoup, mais je compense avec un entêtement de vieille bique (si si ;-).

Pour réaliser cette étole, j’ai commencé par teindre en rouge un bout de soie et quelques grammes de laine.

étole feutre nuno étole feutre nuno

Une fois ma soie sèche, j’ai fait des petits nœuds selon la technique dite “kumo”. J’étais jusqu’à présent très bête : quand je faisais du tie and dye, je coupais le fil après chaque nœud ! En sautant cette étape, on va bien plus vite… et je me suis beaucoup amusée à faire ces nœuds façon spiderweb ; le résultat est si amusant, avec toutes ces petites cornes, qu’on a bien envie de le laisser comme ça !

étole feutre nuno

Après ça, hop, passage à la teinture noire, en même temps qu’un peu de fibres de laine et de soie (ma cocotte est bien assez grande).

étole feutre nuno

Pas la patience d’attendre que ça sèche : je défais les nœuds pour découvrir les petits dessins façon toile d’araignée… ceux-ci sont plutôt carrés que rond, cela doit dépendre de la façon dont je plie mon tissu avant de nouer.

étole feutre nuno

J’aime bien le résultat, mais ce n’est pas fini !

étole feutre nuno

Bon, je sors ma super cardeuse (fais plus rien sans elle) pour mettre un peu de soie noire dans ma laine rouge…

étole feutre nuno

Puis j’envahis la table du salon et je pose mes fibres : un peu de noir sur le morceau de soie teinte, et de larges bordures de mélange laine rouge/soie noire.

étole feutre nuno

Allez, on roule ! Cette soie est très fine et la laine passe à travers sans problème en la gaufrant juste comme j’aime…

étole feutre nuno

Rinçage, et voilà le travail !

étole feutre nuno

Tee-shirts customisés

tie and dye

Pour Noël, cette année, j’ai “habillé pour l’hiver” pas moins de huit gamins ! Eh oui, huit gamins qui me maudissent sans doute encore aujourd’hui parce que, sous le sapin, ils auraient préféré des Playmobil, un Meccano, une Barbie, une DS ou autre trouvaille made in China. Décidément, je suis une très très vilaine sorcière. C’est en tout cas sans aucun état d’âme et dans la lignée du tee-shirt bébé au chat noir que je vous ai montré il y a quelque temps (tie and dye marbré + dessin posé au pinceau et fixé au fer) que j’ai concocté cette “collection d’hiver” aux couleurs pêchues : rouge et noir, parme et violet, bleu et vert métallisé. Si vous voulez suivre mes traces, toutefois, un conseil : la confection n’étant plus ce qu’elle était, n’hésitez pas à acheter des tee-shirts une taille plus grands, car certains risquent de rétrécir en passant dans le bain de teinture, bien qu’il ne soit plus nécessaire de faire bouillir les tissus pour les teindre (encore heureux, que ferait-on avec notre chère laine et notre adorée soie !). Si si, j’ai eu des plaintes !

T-shirt au chat noir

peinture

Il était une fois un petit T-shirt de bébé beige tout simple… un peu ennuyeux… qui me narguait du haut de toute sa beigitude… Fallait pas

Étape 1 : le tie and dye. C’est tout simple et ça m’amuse encore comme une petite folle : je réunis le vêtement à teindre en boule en le froissant “artistement” (= n’importe comment) et je le ficelle dans tous les sens avec de la ficelle à rôti, comme une petite paupiette. Ensuite, plouf ! dans la teinture (rouge en l’occurrence). Ensuite, il suffit de suivre les instructions. Une petite précision : j’évite de teindre en machine, non que je craigne pour ma machine, mais parce que je trouve que ce procédé teint trop bien pour le tie and dye. La fois où je m’y suis risquée, la teinture avait si bien pénétré qu’on ne voyait presque plus les motifs. Mais comme la teinture m’amuse beaucoup et que je teins par ailleurs souvent de la mèche de laine, j’ai sacrifié ma cocotte-minute à cet usage et je peux mieux contrôler chaque étape.

Étape 2 : la peinture. Ce p’tit chat un peu déglingué m’a séduite il y a quelques mois, alors que nous étions en vadrouille je ne sais plus où, peut-être en Dordogne. Il décorait une affiche de spectacle passablement usée, dans un café, si ma mémoire est bonne. Hop, j’ai dégainé l’appareil photo et je me le suis approprié (oui, je sais, au mépris de toutes les règles sur le copyright). Depuis je l’utilise à toutes les sauces…

Là, j’ai essayé la peinture pour soie, qui m’avait déjà donné de beaux résultats sur du jersey (voir ma chemise de nuit en jersey). Depuis, je me suis toutefois aperçue que si cette peinture se pose très bien au pinceau, sans filer, sur du jersey neuf, sans doute en raison d’un quelconque apprêt, c’est une autre paire de manches une fois que le jersey est passé par la case tie and dye. Là, au contraire, ça file bien. J’ai essayé de délimiter le contour du chat avec de la gutta, mais cela n’a pas vraiment fonctionné : la peinture file tout de même. Pourtant, je l’aime bien, ce p’tit chat “bavé”, ça lui donne un petit côté destroy, chébran – quel est le mot à la mode déjà ? Pardonnez-moi, je date…

peinture

Tenue de vélo décontractée

teinture

Il y avait un moment que je voulais lui faire un pantacourt pour pédaler au frais. Voici toute une tenue de cycliste estival !

Dans un joli coupon “mers du Sud”, j’ai réalisé le pantacourt d’après un patron Burda (numéro 8187) pas trop difficile à suivre, même s’il y a une ceinture rapportée accueillant deux rangs d’élastique plus une coulisse. Chez ma chère mercière, j’ai trouvé les embouts en plastique transparent réunissant les deux brins de la coulisse, et la coulisse elle-même, d’un beau turquoise qui collait tout à fait à mon tissu (rentrer la coulisse dans les embouts était un peu sportif mais j’ai finalement trouvé la technique : passer un fil à travers la coulisse, les deux brins du fil à travers l’embout, et tirer comme une malade, ça finit par passer).

Le turquoise des motifs batik de ce tissu m’a éblouie. Quelle bonne humeur dans cette couleur pétante ! Il aurait fallu un tee-shirt turquoise pour aller avec le pantacourt… Inutile de rêver en trouver en magasin tant que la couleur n’aura pas été déclarée à la mode par les sacro-saints bureaux de style… Comment faire ? Eh bien, figurez-vous que chez Dylon, ils l’ont justement, cette couleur, et magnifique avec ça ! Allez, c’était l’occasion rêvée pour me lancer enfin dans le tie and dye ! J’ai procédé suivant les instructions très bien faites du site, et hop, à la machine… Mais bon, petite déception à l’arrivée : en machine, ça teint trop bien. La teinture a pénétré opiniâtrement dans les nœuds et les motifs qui auraient dû rester en blanc sont presque invisibles. Mais bon, la couleur est belle et l’ensemble est très réussi au goût de mon cher et tendre ! Quand même, la prochaine fois, je le ferai dans une bassine. Pourvu que je ne tache pas toute la maison…