Il y a peu, le magazine PLY a consacré tout un numéro aux fils bouclés, et j’avoue qu’en tant que tisseuse, j’ai pour eux une tendresse particulière. Je ne sais pas si celles et ceux parmi vous qui taquinent le rouet en faites souvent, et si vous aimez les tricoter, mais pour ma part, je suis tout à fait séduite par leur texture qui semble “sauter” hors du tissu ou du tricot en criant : “Touchez-moi, touchez-moi !” J’apprécie leur relief grenu et la façon dont ils accrochent la lumière. Pour le mois de mai, j’ai donc proposé ce thème de réflexion aux fileuses et fileurs du forum Tricotin.
Pour ma part, je me suis plongée dans mon PLY et j’ai épluché le premier article sur le bouclé, une “recette” de bouclé “classique” rédigée par la fabuleuse Jacey Boggs.
Pour commencer, j’ai teint du mohair (pour les boucles) et de la soie (pour les deux fils fins destinés à les “piéger”). Eh oui, j’ai parfois tâté du bouclé, ici et là, et pourtant je ne m’étais encore jamais décidée à utiliser du mohair, alors qu’on m’a souvent dit que les qualités intrinsèques du mohair en faisaient la meilleure fibre possible pour obtenir des boucles bien rondes ! Il était temps de combler cette lacune.
En suivant les conseils distillés dans l’article, j’ai filé la soie assez fin pour réaliser le premier fil du retors (le core), autour duquel le fil de mohair devait venir s’enrouler. Jacey Boggs conseille de le filer en S (dans le sens antihoraire), avec très peu de torsion, car on va venir en rajouter en réalisant le premier retors, également en S. Il faut prendre son temps pour peaufiner le réglage du rouet afin d’obtenir un fil fin, peu tordu mais tout de même solide.
Ensuite, j’ai filé le mohair en Z (dans le sens horaire), un peu plus gros mais pas trop, et moyennement tordu (c’est ce qu’on appelle le wrap).
Pour le premier retors, j’ai laissé le fil de mohair s’enrouler autour du fil de soie dans le sens antihoraire (en S) en le maintenant à 90°, et en le repoussant vers le haut entre le pouce et l’index à intervalles réguliers pour former de jolies boucles bien rondes. Pas évident, c’est un geste à saisir, mais c’est amusant. En revanche, mieux vaut ne pas trop s’attacher à ces jolis ronds, ils sont pas mal chahutés en passant par les anneaux du rouet avant de s’enrouler sur la bobine…
Ensuite, j’ai repris le fil de soie qui me restait et je l’ai repassé rapidement dans le rouet (en S) pour lui ajouter un peu de torsion, afin qu’il en contienne à peu près autant que celui de départ, une fois retordu (cela devient le binder). Vous me suivez toujours ?
Là, il ne restait plus qu’une étape : le second retors. Il se fait en Z, et le second fil de soie doit venir piéger les boucles pour qu’elles ne glissent plus le long du premier fil de soie. Il faut en profiter pour remettre en place celles qui ont été télescopées par les anneaux du rouet. On apprécierait d’avoir une main supplémentaire pour le faire, mais bon, on y arrive.
Un petit shampoing dans l’eau chaude pour le blocage, et voilà, c’est terminé !
Il me restait un peu de fil de soie, je l’ai retordu en navajo, il n’y a pas beaucoup de métrage mais il pourra toujours trouver une place dans un tissage fantaisie…
beaucoup de techniques et toujours du fil exceptionnel, j’admire tout ce travail.
Merci pour ce bel et intéressant article, vraiment très très intéressant !