Elle a lieu ce week-end, les 12 et 13 février, à Malakoff, et comme d’habitude, elle réunira un grand nombre d’artistes textiles en rapport avec la laine, dont j’ai l’honneur de faire partie.
Parmi les nouveautés que je présenterai, un bel écheveau 70% mérinos 30% bourrette de soie, dodu et texturé comme je les aime (ah oui, lui je l’aime d’amour, s’il ne se vend pas je prendrai un énorme plaisir à le tisser), d’un poids de 170 grammes pour 310 mètres, une nouvelle collection d’écheveaux “Fractal” et des paquets de rolags à filer !
L’année dernière, il a fallu faire l’impasse, et cette année, compte tenu du contexte difficile, certains ont encore dû être annulés, mais le marché de Noël de L’Archipel des créateurs, qui se tient en extérieur, sera maintenu ce week-end. De vendredi 10 décembre à dimanche 12 décembre, vous pourrez donc venir voir “en vrai” – et toucher, caresser, palper… – mes créations tissées à Vanves, place de la République.
Côté tissage, je présenterai pas mal de nouveautés, dont certaines sont encore en finition… ce sera une surprise ! Mais vous découvrirez trois petites nouvelles dans ma collection “Sismogrammes”. Quel plaisir de retrouver mon métier !
Pendant les confinements, et après, les événements et diverses obligations m’ont un peu éloignée du monde du filage, et ce n’est qu’en reprenant le fuseau que j’ai compris à quel point cela m’avait manqué…
Quelle surprise donc de recevoir un message de Sheila Bosworth pour me dire qu’après des années passées sur la liste d’attente, elle avait enfin un Moosie à me proposer ! Vu le temps écoulé, j’avais eu le temps de faire des économies, alors je n’ai pas hésité une seule seconde à dire oui. Et quelque temps plus tard, il arrivait, soigneusement emballé… un très beau petit fuseau, très bien équilibré, taillé dans une corne d’élan. Soigneusement poli, il luit comme de l’ivoire, et il est aussi doux sous les doigts qu’à l’œil.
Je rassure ici tout de suite les vegans : de même qu’on ne tue pas les moutons pour obtenir leur laine, on n’assassine pas les élans pour avoir leurs bois. Ils tombent tout simplement chaque année, après la saison des amours, quand ils n’en ont plus besoin pour frimer 😉 Et il n’y a plus qu’à se promener en forêt pour les ramasser !
J’ai cardé un petit mélange de soie, bluefaced leicester et bébé chameau, léger comme un nuage, que j’ai filé en deux fois pour obtenir un fil à deux brins (ce que je suis classique comme fille ! mais c’est l’idéal pour le tissage que j’ai en tête…). J’ai réalisé le retors avec mon gros fuseau Golding qui est spécialement conçu pour ça et qui fait magnifiquement le job. C’est simple, même avec du fil relativement fin (au final j’ai environ 400 mètres pour 100 grammes), c’est le genre de fuseau qu’on est obligé d’arrêter…
Pas sûre de pouvoir trouver le temps de le tisser cette année, mais j’espère bien pouvoir vous montrer le résultat début 2022. Les bonnes choses savent se faire attendre…
Je ne crois pas qu’il ait une goutte de sang écossais dans
les veines, mais mon fiston porte le kilt.
Au début, c’était essentiellement pour suivre son papa en
concert, où les métalleux enfilent volontiers la jupe et, s’ils ne le font pas,
se montrent extrêmement tolérants en matière de look. J’ajoute qu’ils sont
aussi très protecteurs envers les bouts de chou, si bien que je n’ai aucune
inquiétude (ou presque, une maman n’est jamais 100% zen) à laisser filer ma
petite ablette jusqu’à la barrière de sécurité dans un concert d’Airbourne ou
de Queensrÿche, sachant qu’il sera pris en charge par de charmantes dames
elles-mêmes secondées par des gros costauds, et qu’il a même toutes les chances
du monde de rafler des médiators et des baguettes de batterie… voire de monter
sur scène…
Bref, le kilt est de mise pour les concerts, mais pas seulement. Par exemple, quand nous allons au pub spinning déguster un super fish & ships, le kilt est de rigueur. Et puis finalement, il s’est décidé à le porter au collège où le physio (hem, le portier) a fortement haussé les sourcils mais n’a pas trouvé dans son cher règlement l’alinéa interdisant à un garçon d’aller étudier en jupe.
Sauf qu’il y a des saisons où porter la jupe, même si on n’a pas de sang de highlander et qu’on met un caleçon, ça fait froid aux papattes.
J’avais depuis longtemps promis une paire de guêtres bien chaudes et assorties à son tartan violet, bleu foncé, noir et blanc signé Heritage of Scotland (ma chère). Avec le confinement, impossible d’arguer que je n’avais pas le temps, il fallait s’atteler au projet.
J’ai commencé par faire un écheveau dans ces tons-là avec un
mélange cardé de mérinos et soie colorés que j’avais en stock, mais je devais moi-même
avouer qu’on n’y était pas tout à fait et Fiston a beau être très poli, il a la
sale habitude d’être honnête. Bref, je devais revoir ma copie et me montrer un
peu plus exigeante.
Du coup, je suis passée en mode teinture et, au bout de
quelques étapes de surteinture (en matière de couleur, il faut toujours s’approcher
à très petits pas de son objectif…), j’ai mis la main exactement sur le violet
et le bleu qu’il me fallait. Il ne restait plus qu’à ajouter du noir et de la
soie maulbère blanche (re-ma chère), à sortir la planche à rolags, et pouf !
Au moment de faire les rolags, toutefois, un instant de
réflexion. Je voulais retrouver le motif du tartan, mais je ne voulais pas de
rayures franches non plus. Du coup, j’ai fait la moitié des rolags (pour le
premier brin) en alternant franchement les coloris, et l’autre (pour le second)
en les mélangeant de manière plus fondue. Je comptais sur un fil qui allait
changer de couleur selon les rayures du tartan, mais pas de manière trop
tranchée.
L’écheveau était doux et moelleux, mais difficile de dire en
le voyant si j’allais obtenir le tricot que j’avais en vue… et en matière de
filage, rien n’est sûr avant la toute fin de l’ouvrage. Je me suis donc précipitée
sur mes aiguilles pour réaliser les guêtres. Patron facile à imaginer : ce
ne sont que deux tubes de tricot circulaire en côtes 2/2.
Je suis satisfaite du résultat, et Fiston est ravi, il
paraît qu’elles sont très, très confortables.
Mais je n’avais pas terminé ma tâche : pour ses rangers en cuir de concert (indispensable si vous ne voulez pas vous faire écrabouiller les arpions pendant un “wall of death”), qu’il a dénichés l’été dernier sur une brocante… sans lacets, il fallait quelques mètres d’un beau cordon. Justement, je viens de me mettre au kumihimo ! Il me restait un peu de fibres violettes, j’ai donc filé vite fait quelques mètres de violet et autant de noir, et j’ai réalisé cette “tresse creuse” à huit brins. Les bouts en plastique ? Quelques centimètres de gaine d’électricien thermorétractable et un coup de chaud, hop !
Il me reste un peu de fil : pour des guêtres assez longues, qu’on peut retrousser, 135 g de fil ont suffi et j’en avais fait 200 par précaution. Je réfléchis à faire de gros pompons en laine pour customiser son casque de concert (indispensable pour protéger ses jeunes tympans), mais je ne sais pas trop si je pourrai aller jusque-là… 😀
Cela faisait un moment que je n’avais pas pu jouer du pinceau et de la palette : en général, les mois d’automne se passent surtout devant mon métier à tisser, à concocter de nouvelles créations pour Noël. En plus, cette année, de nombreuses personnes ont décidé d’offrir à des proches un stage de tissage chez Rue de la Laine, ce qui a été l’occasion de précieuses et plaisantes rencontres.
Du coup, j’ai retrouvé ma cuisine-laboratoire avec un œil neuf, un appétit accru et des envies de mélanges de couleurs plus originaux. Je me suis régalée !
N’hésitez pas à passer les découvrir sur mon stand à la Fête de la Laine, demain et dimanche, à partir de 10 h, à la salle des fêtes Jean-Jaurès de Malakoff. C’est une belle salle spacieuse et claire où j’ai eu grand plaisir à exposer l’année dernière… et mon plaisir est particulièrement intense quand mes élèves passent me voir pour me montrer les merveilles qu’ils ont réalisées après leur stage. Surtout, ne soyez pas timides ! À bientôt !
En octobre 2019 (oui, on remonte dans le temps !), j’ai proposé comme thème de filage aux fileuses et fileurs du forum Tricotin “Qu’importe le flacon”. En ces termes, je leur proposais de sortir leur flacon de teinture préférée – éventuellement de raconter pourquoi ils aimaient ce coloris, cette marque – et de montrer ce qu’ils en faisaient… peut-être allaient-ils teindre différents types de fibres et comparer les résultats ? Bien sûr, cela valait pour tous les contenants, y compris pots et sachets !
Pour ma part, j’ai bel et bien choisi un flacon : mon coloris préféré de peinture pour soie Dupont, le “Vert mode”, un bleu-vert qui fait rêver aux mers du Sud. Les teintures liquides sont tellement pratiques ! Cela m’intéressait de voir comment différentes fibres allaient accepter les pigments. J’ai donc pioché dans mes stocks quelques poignées de mes fibres préférées. Sur la photo, en partant du haut à gauche et en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre : alpaga, angora, bébé chameau, bourrette de soie, toison de mérinos Maco, bébé mohair et soie tussah.
Dans la teinture, le mouillage est capital, surtout quand on va teindre par trempage. j’ai donc mis mes fibres à tremper la veille, avec quelques gouttes de liquide vaisselle comme “agent mouillant”, en insistant bien sur les fibres à travers lesquelles l’eau voyage le plus mal : l’angora et la soie. La bourrette notamment doit être bien déchirée avec les doigts, sinon elle est trop tassée pour accepter l’eau correctement – et là où l’eau ne va pas, la teinture n’ira pas non plus. Comme ces fibres-là ne feutrent pas, il ne faut pas hésiter à les pétrir pour que l’eau atteigne le cœur des fibres.
Je les ai ensuite teintes séparément dans ma cocotte, en donnant à chacune la même dose de teinture, soit environ 2 ml par tranche de 10 g de fibres. Vers la fin de la teinture, elles ont toutes eu droit à une giclée de vinaigre blanc, et je les ai laissées dans l’eau qui refroidissait tranquillement jusqu’à ce que cette eau soit bien transparente.
Sur la deuxième photo, elles sont disposées dans le même ordre. La qualité n’est pas bonne, mais en fait elles n’ont pas la même intensité. Le bébé chameau est le grand gagnant, c’est lui qui a atteint la teinte la plus foncée (mais il était aussi plus foncé au départ). Contrairement à mes expériences antérieures, l’angora a bien pris la teinture, c’est donc vraiment un problème de “mouillage”. Le mohair aussi a une belle teinte profonde, ainsi que la soie tussah.
Après séchage des fibres, bien étalées sur un séchoir à pull, je suis passée au cardage et j’ai obtenu de grosses nappes aériennes comme des nuages que j’ai eu grand plaisir à filer.
Pour garder le côté très aéré et mousseux de ces fibres très
différentes mélangées intimement, j’ai choisi le filage long draw, puis un retors à deux brins pour que le fil soit
solide tout en étant assez peu tordu pour rester léger, plein d’air (et donc de
chaleur quand il sera tricoté ou tissé). Compte tenu de l’effet gonflant du
fil, il a fallu sortir la “grosse bobine” de l’Aura, car il n’aurait pas tenu
sur une simple bobine jumbo.
Et voilà mon “Galapagos” ! Un beau pépère de 250 g et presque 500 m qui s’apprête à fanfaronner sans vergogne à la Fête de la Laine de Malakoff…
De temps en temps – quand je manque d’inspiration, avouons-le tout de suite – je propose aux fileuses et fileurs du forum Tricotin, comme thème du mois, une couleur. En juin, je leur ai proposé de jouer avec le ou les rose(s)… avouez qu’il y a du choix – rose tendre, layette, bonbon, pastel, saumoné, poudré, flashy et j’en passe. Voici les questions que j’avais formulées : Qui de vous adore le rose ? Qui, au contraire, l’aime si peu qu’aucun type de rose ne peut trouver grâce à ses yeux ? Aimez-vous les roses très originaux ou composés ? Exprimez-vous du fond du cœur !
Eh bien, ce thème n’a intéressé que moi 😉
Croyez-le ou pas, j’avais fini ce fil à temps en juin et j’avais
pris les photos avant de partir en vacances, mais j’ai eu si peu envie de m’approcher
de l’ordinateur ensuite que je n’ai pas pris le temps de vous les montrer…
En ce qui me concerne, c’est en rentrant de la ferme de
cueillette que j’ai trouvé, dans mon panier, l’inspiration pour faire mon fil :
le rose violent et chaud des tiges de rhubarbe contrastait sans jurer avec la
délicatesse des roses.
J’ai plongé le nez dans mon panier de soies teintes et j’ai
choisi les coloris les plus en rapport avec ma rhubarbe et mes roses avant de
les flanquer dans la cardeuse, hop ! Puis j’en ai sorti, avec un diz, de
la mèche de soie très facile à filer.
J’ai gardé mon fil en un seul brin pour éviter qu’il soit
trop “tachiste”, car j’aimais bien les volutes de soie rose vif et rose tendre
de ma mèche, qui me rappellent… la crème glacée Amarena. Tout à fait d’actualité
par ce bel été bien chaud !
Avez-vous déjà eu besoin (ou envie !) de filer, pour réaliser un ouvrage particulier ou parce que vous possédiez des fibres qui ne voulaient plus se quitter, deux écheveaux, ou tout une série d’écheveaux assortis – pas semblables, mais fait pour aller ensemble ? Des écheveaux “cousins”, en quelque sorte ? C’est la question que j’ai posé le mois dernier aux fileuses et fileurs du forum Tricotin.
Pour ma part, j’ai en ce moment de grosses envies de tissage et je voudrais essayer quelques effets de motifs avec des filés main assortis… et mon petit mari m’a offert de jolis mélanges de mèche de mérinos et soie dans mes couleurs préférées, comme ce beau mauve foncé. Je l’ai filé très simplement, parce que je ne voulais pas que l’originalité du fil vienne empiéter sur le travail de tissage. Puis j’ai réalisé des rolags assortis en utilisant la même proportion de soie dans le même ton, puis plein d’autres roses et même un poil de beige rosé.
Comme d’habitude je me suis régalée avec le filage des rolags, et j’ai essayé de rester sur le même type de fil, même si je n’avais pas la même préparation au départ.
Du fait de cette différence de préparation, le second écheveau est légèrement plus texturé, mais je pense que cela ne devrait pas trop se voir une fois tissé.
Hop, une fois le mauve “avalé”, je me suis lancée sur le vert… je ne connais pas le nom de ce vert mais il me plaît beaucoup ! J’ai fait des rolags beaucoup plus clairs et plus “acides” pour bien le mettre en valeur. Ce que j’ai hâte de les tisser !
Cette année, je ne suis pas passée à côté et je leur ai donc proposé de s’inspirer de ces magnifiques créatures que l’on rencontre au fond des mers, au creux des abysses ou sur les cailloux des rivières. Il suffit de faire quelques recherches pour trouver des idées, l’inspiration ne manque pas. Tout le monde sait à quoi ressemble une sardine mais avez-vous déjà vu un axolotl ? un blobfish ? un poisson-cachemire ?
Pour ma part, je suis restée au bord de nos côtes : j’ai
toujours adoré les rayures irisées et le ventre blanc nacré des maquereaux. Je
suis donc allée chez mon poissonnier, à la “Marée fraîche du Nord”, où Johan,
qui a une âme d’artiste, ne m’a pas prise pour une folle quand j’ai demandé un
maquereau plus coloré que celui qu’il me proposait, en avouant que je comptais
l’inclure dans une nature morte. Après m’avoir demandé s’il s’agirait de
peinture ou de photo, il les a tous retournés pour trouver le plus beau, et m’a
dit qu’il ne le viderait pas pour lui conserver son joli galbe.
De
retour à la maison, j’ai plongé avec délices dans mon stock de soie. Impossible
d’utiliser autre chose pour un poisson aussi brillant ! De la soie
maulbère blanche très brillante pour le ventre, de la soie tussah de différents
verts et gris pour le reste du corps, et du noir pour les taches. J’ai passé
tout ça dans la cardeuse avant de le filer en single, très peu tordu.
Il a adoré son petit plongeon dans le lavabo pour le blocage, normal pour un poisson 😉
Après cela, une petite mise en scène, une jolie photo, la
voilà notre nature morte… puis, les choses sérieuses : vider et cuire la
bête avant de passer à table. Pas pour moi, je n’aime pas trop le poisson, mais
j’ai à la maison un homme conciliant qui accepte de manger mes natures mortes…
une fois que j’en ai ôté les fibres. Au fait, si je n’ai pas les capacités d’un
druide pour lire les augures dans les entrailles de poisson, je peux tout de
même vous dire qu’au final, ce joli maquereau était une belle maquerelle, et
que c’est excellent en papillote.
La plupart d’entre nous avons connu une baisse de température brutale en novembre, après un début d’automne particulièrement doux. Je me suis dit que c’était l’occasion de parler des fils destinés à tenir chaud, que les Anglo-Saxons appellent woolen (laineux), c’est donc le thème que j’ai proposé aux fileuses et fileurs du forum Tricotin.
En France, les fileuses et fileurs ne se soucient pas tous des procédés de filage woolen et worsted et de ce qui conditionne les différences entre les deux fils ; d’après mes échanges avec mes collègues, nous filons le plus souvent des fils “semi”, c’est-à-dire jamais 100% woolen ni 100% worsted.
J’ai donc rappelé à mes amis fileurs le principe du “vrai” woolen tel que le définissent les puristes : il s’agit d’utiliser des fibres pas trop longues, de choisir une préparation cardée qui mette les fibres en désordre et permette de les filer par le travers (par exemple des rolags, ou un morceau de nappe cardée plié en deux), puis de filer long draw.
Le résultat doit être un fil très aéré et pas trop tordu, piégeant beaucoup d’air, donc très chaud. L’inconvénient : ces fils ont tendance à boulocher plus vite (mais on peut limiter les dégâts en les feutrant un peu au moment du blocage) et les points de tricot (torsades, points texturés…) sont moins nets. C’est donc plutôt le type de fil qu’on utilise pour se tricoter un gros col ou des moufles toutes simples.
Pour ma part, très sagement, j’ai suivi toutes les indications que j’avais proposées, en commençant par un choix de fibres pas trop longues : de l’alpaga, du bébé chameau, de l’angora, et pour lier tout ça un peu de mérinos et de soie (mais de la tussah, aux fibres moins longues que la maulbère), le tout en coloris naturels, du crème au beige clair.
J’ai cardé tout cela sur ma cardeuse (deux passages, j’aurais pu en faire trois mais ces deux passages ont déjà pris 8 heures) et j’en ai fait de bons gros rolags bien dodus et aérés.
Pour le filage long draw, je trouve qu’il est important de bien régler le frein, il faut donc un rouet qui s’y prête. J’ai choisi l’Aura. Comme il tirait encore un peu trop fort avec le frein réglé au minimum, j’ai tout bonnement ôté la courroie et après cela, c’était impeccable.
Compte tenu de la quantité de fibres préparées (170 grammes), le filage a été très long : 23 heures !!! J’espérais avoir de quoi tisser une confortable étole, bien moelleuse et chaude, il me fallait donc du métrage.
Au moment du retors, j’ai hésité longtemps. J’avais oublié qu’en long draw, je n’arrive pas à filer moyen… Mon fil était donc très fin (d’où les 23 heures). Fallait-il le retordre tout de même à deux brins, comme je l’avais prévu, ou tenter un navajo pour obtenir un fil un peu plus gros ? Je me suis tâtée et retâtée, et puis j’ai décidé de parier sur le gonflant du fil woolen et je suis restée sur mon idée de départ. Attention, le retors doit aussi se faire en woolen, c’est-à-dire en résistant à la tentation de lisser le fil.
Au final, je ne l’ai pas regretté : lors du blocage, mon fil a bien gonflé, transformant cet écheveau en vrai petit nuage. Par contre il a aussi raccourci. Comme je vous le disais, il faut feutrer un peu les fils woolen pour leur donner plus de solidité et limiter leur tendance au boulochage. Eh bien, par curiosité, j’ai mesuré l’écheveau deux fois : il faisait 840 mètres avant le blocage et seulement 814 mètres après !!!
Au total, j’ai travaillé 37 heures pour obtenir ce fil léger et gonflant que j’adore. Cela me prendra certainement moins de temps de le tisser, ce que j’ai vraiment hâte de faire.