Nuage d’hiver

filage rouet long draw woolen

La plupart d’entre nous avons connu une baisse de température brutale en novembre, après un début d’automne particulièrement doux. Je me suis dit que c’était l’occasion de parler des fils destinés à tenir chaud, que les Anglo-Saxons appellent woolen (laineux), c’est donc le thème que j’ai proposé aux fileuses et fileurs du forum Tricotin.

En France, les fileuses et fileurs ne se soucient pas tous des procédés de filage woolen et worsted et de ce qui conditionne les différences entre les deux fils ; d’après mes échanges avec mes collègues, nous filons le plus souvent des fils “semi”, c’est-à-dire jamais 100% woolen ni 100% worsted.

J’ai donc rappelé à mes amis fileurs le principe du “vrai” woolen tel que le définissent les puristes : il s’agit d’utiliser des fibres pas trop longues, de choisir une préparation cardée qui mette les fibres en désordre et permette de les filer par le travers (par exemple des rolags, ou un morceau de nappe cardée plié en deux), puis de filer long draw.

Le résultat doit être un fil très aéré et pas trop tordu, piégeant beaucoup d’air, donc très chaud. L’inconvénient : ces fils ont tendance à boulocher plus vite (mais on peut limiter les dégâts en les feutrant un peu au moment du blocage) et les points de tricot (torsades, points texturés…) sont moins nets. C’est donc plutôt le type de fil qu’on utilise pour se tricoter un gros col ou des moufles toutes simples.

Pour ma part, très sagement, j’ai suivi toutes les indications que j’avais proposées, en commençant par un choix de fibres pas trop longues : de l’alpaga, du bébé chameau, de l’angora, et pour lier tout ça un peu de mérinos et de soie (mais de la tussah, aux fibres moins longues que la maulbère), le tout en coloris naturels, du crème au beige clair.

filage rouet long draw woolen

J’ai cardé tout cela sur ma cardeuse (deux passages, j’aurais pu en faire trois mais ces deux passages ont déjà pris 8 heures) et j’en ai fait de bons gros rolags bien dodus et aérés.

filage rouet long draw woolen

Pour le filage long draw, je trouve qu’il est important de bien régler le frein, il faut donc un rouet qui s’y prête. J’ai choisi l’Aura. Comme il tirait encore un peu trop fort avec le frein réglé au minimum, j’ai tout bonnement ôté la courroie et après cela, c’était impeccable.

Compte tenu de la quantité de fibres préparées (170 grammes), le filage a été très long : 23 heures !!! J’espérais avoir de quoi tisser une confortable étole, bien moelleuse et chaude, il me fallait donc du métrage.

Au moment du retors, j’ai hésité longtemps. J’avais oublié qu’en long draw, je n’arrive pas à filer moyen… Mon fil était donc très fin (d’où les 23 heures). Fallait-il le retordre tout de même à deux brins, comme je l’avais prévu, ou tenter un navajo pour obtenir un fil un peu plus gros ? Je me suis tâtée et retâtée, et puis j’ai décidé de parier sur le gonflant du fil woolen et je suis restée sur mon idée de départ. Attention, le retors doit aussi se faire en woolen, c’est-à-dire en résistant à la tentation de lisser le fil.

Au final, je ne l’ai pas regretté : lors du blocage, mon fil a bien gonflé, transformant cet écheveau en vrai petit nuage. Par contre il a aussi raccourci. Comme je vous le disais, il faut feutrer un peu les fils woolen pour leur donner plus de solidité et limiter leur tendance au boulochage. Eh bien, par curiosité, j’ai mesuré l’écheveau deux fois : il faisait 840 mètres avant le blocage et seulement 814 mètres après !!!

Au total, j’ai travaillé 37 heures pour obtenir ce fil léger et gonflant que j’adore. Cela me prendra certainement moins de temps de le tisser, ce que j’ai vraiment hâte de faire.

filage rouet long draw woolen

L’angora sans angoisse

Il est doux, duveteux, gonflant… mais il chatouille le nez ! (En tout cas le mien !) Voici les questions que j’ai posées, pour le mois de septembre, aux fileuses et fileurs du forum Tricotin : aimez-vous l’angora ? Comment l’utilisez-vous, “pur” ou en mélange ? Avez-vous des précautions particulières pour le teindre ? Et même, avez-vous des lapins ? Dites-nous tout, tout, tout sur l’angora !

Une des premières réponses que j’ai reçues concernait la difficulté à teindre l’angora… déjà, parce qu’il est difficile de faire pénétrer l’eau dedans. Mais à mon avis, pas seulement.

Du coup, j’ai choisi d’utiliser de l’angora blanc tout simple, sans aucune préparation. Et j’ai décidé de le filer plutôt fin, par petites poignées, avant de le retordre en navajo. J’avais prévu de tenter la teinture après filage plutôt qu’avant car il me semble généralement plus pratique, quand je recherche une teinte à peu près uniforme sur des fibres difficiles à “mouiller” – comme le proclame la réputation de l’angora –, de détremper un écheveau plutôt qu’un paquet de fibres. Mais j’avoue que même en faisant tremper mon écheveau très longtemps et en procédant en plusieurs couches de surteinture, sur deux jours (!), je n’ai pas réussi à obtenir une teinte aussi profonde que si j’avais utilisé le même produit avec de la laine, du mohair ou surtout de la soie…

L’aspect changeant est dû au fait qu’après avoir fait “boire” à mon fil une bonne dose de bleu, j’ai ajouté quelques gouttes de kaki qui se sont déposées juste sur l’extérieur. Cela crée une sorte de halo que j’aime bien 🙂

filage artisanal rouet angora filage artisanal rouet angora filage artisanal rouet angora

Doux comme un lapinou

filage au rouet

… et pour cause ! Il y a beaucoup d’angora dans cet écheveau…

Pour le thème de filage de ce mois de juin, j’ai proposé aux fileuses et fileurs du forum Tricotin de travailler à partir d’une nappe cardée.

Pour ma part, j’ai eu envie d’une nappe texturée mais très douce, donc j’ai choisi une base de mérinos pastel (melon et rose) auquel j’ai ajouté de la soie de sari, de la bourrette de soie et une grosse poignée d’angora duveteux gris naturel. Je vous montre les fibres avant le passage des fibres en cardeuse car lorsque la machine les amalgame en différentes couches, cela a tendance à en masquer le contenu. C’est d’ailleurs ce que j’aime dans les nappes : c’est pendant le filage qu’on découvre les diverses fibres, comme autant de petites surprises.

filage cardeuse nappe cardée filage cardeuse nappe cardée filage cardeuse nappe cardée

Et la meilleure façon de “déguster” toutes ces petites surprises, pour ma part, je trouve que c’est de réaliser un gros fil moelleux en corespinning. L’Aura de Majacraft est parfait pour ce genre d’exercice. J’ai tout simplement déchiré la nappe en bandes qui se sont enroulées comme par magie autour du fil de laine fin que j’avais choisi pour faire le core.

filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet

La collection de snoods de l’hiver 2014

C’est ma fille qui m’a fourni, grosso modo, le cahier des charges de cette collection, en m’expliquant que le snood, c’est à la mode (parce que ça glisse pas et qu’on peut le porter de plusieurs manières selon qu’on a vraiment froid ou pas trop) et confortable. Elle m’a proposé des dimensions et une forme (une sorte d’écharpe tubulaire, en somme), et moi j’ai choisi le crochet à la fourche pour un max de moelleux et de texture. Pour les coloris, j’ai eu envie de m’inspirer des grands films du siècle dernier. Ceux qu’elle n’a pas vus, en somme 😉 mais je ne promets pas qu’elle sera tentée de le faire pour autant…

Voici en tout cas les quatre premiers modèles de la collection !

Jeremiah Johnson

Réalisé par Sydney Pollack en 1972

Avec Robert Redford, Will Geer et Delle Borton

snood en fil artisanal snood en fil artisanal

La Forêt d’émeraude

Réalisé par John Boorman en 1982

Avec Charley Boorman, Powers Boothe et Meg Foster

snood en fil artisanalsnood en fil artisanal

Love Story

Réalisé par Arthur Hiller en 1970

Avec Ali McGraw, Ryan O’Neal et Tommy Lee Jones

snood en fil artisanal snood en fil artisanal

Autant en emporte le vent

Réalisé par Victor Fleming en 1939

Avec Clark Gable, Vivien Leigh et Olivia de Haviland

snood en fil artisanal snood en fil artisanal

La Fée du jardin a déserté son nid…

tissage bol

Je m’aperçois que j’avais carrément oublié de vous présenter le fil réalisé pour le thème de filage du mois de mars du forum Tricotin, “Tiens voilà l’printemps !”. C’est un printemps très foufou qui mêle à une nappe cardée des plumes, des perles de feutre (merci à Emily M. pour ces jolies perles…) et de bois, des bouts de tissu et de soie, du fil de mohair et de lurex et même des bandelettes de fourrure de lapin vert fluo (ça ne s’invente pas) !

Je suis restée longtemps à le tripoter en me demandant comment j’allais le transformer. Comme je ne l’avais pas bloqué, l’écheveau avait tendance à se ramasser sur lui-même en faisant une sorte de nid… Pâques approchait, j’ai eu envie d’y mettre des œufs, mais comment obtenir une vraie forme de nid ? J’ai réfléchi un moment à l’éventualité de bidouiller une structure en grillage à poules mais je n’étais quand même pas très chaude.

Les choses en sont restées bloquées quelques semaines puis, en commençant le Journey to the Golden Fleece, j’ai reçu mon métier à tisser circulaire Majacraft et j’ai admiré sur le forum dédié les premières créations des participantes. L’une d’elles expliquait qu’on pouvait utiliser ce métier pour tisser des bols. Un tissage en 3D ? Tiens, j’ai eu très envie d’essayer. La technique est simple et c’est typiquement le genre de découverte qu’on fait en commettant une erreur d’usage sur un matériel nouveau : il suffit de tasser beaucoup trop le tissage. Une fois retiré du métier, il s’incurve naturellement ; il n’y a ensuite plus qu’à le modeler comme de l’argile, du bout des doigts, pour lui donner la forme voulue.

Il ne me restait qu’à peindre quelques œufs… Et voilà comment j’ai obtenu ce nid de fée !

Tour de Fleece : écheveau 1 !

filage

Voici le premier écheveau réalisé pour le Tour de Fleece. Je l’ai filé pendant les deux premiers jours du Tour – c’est un bon gros dodu 😉 – mais je n’avais pas eu le temps de le photographier… C’est un mélange angora et Maco mérinos retordu de manière fantaisiste, très, très doux !

La saga d’une écharpe : filage

filage

Le marché de Noël étant passé, je peux reprendre plus sereinement mes projets en suspens. J’avais envie de tisser une écharpe ou une étole avec deux fils assortis, en faisant un effet de carreaux. Dommage, j’ai oublié de photographier les nappes, mais voici les écheveaux qui sortent tout juste du blocage : on ne le croirait pas, pourtant ils ont exactement la même composition (80% mérinos, 15% soie, 5% angora) et sont fait des mêmes couleurs. Seuls deux coloris ne sont pas présents dans la même proportion. Ce sont donc des écheveaux “cousins”… presque frères… que je m’apprête à tisser 🙂

Collier fibres et perles

filage

Je me demandais depuis quelque temps quoi offrir à mon amie irlandaise Teresa pour son anniversaire… En proposant son “thème du mois” sur le forum Tricotin, Esperluette m’a donné une bonne idée (merci Esperluette !) : pourquoi pas un collier en laine filée ? J’étais encore sous le coup du sandwich et j’ai eu envie d’un fil fantaisie mariant plusieurs matières différentes, mais j’étais un peu pressée et pour simplifier les choses, j’ai décidé de rester dans le blanc. Mais j’ai pris tout ce que je pouvais trouver de textures différentes : laine cardée, boucles de toison, soie, angora, coton recyclé, soie de bananier (merci Lululibellule…) ! Le fil a été enroulé et tortillé en un mince écheveau d’environ 4 mètres, et agrémenté d’un rang de perles transparentes, avant de recevoir son petit fermoir en forme de cœur. Happy birthday !