Un vieux reste de la période où j’étais passionnée par le bleu – depuis que je travaille la laine, toutes les couleurs me passionnent, mais avant cela il y a bien eu une ou deux décennies où seul le bleu a trouvé grâce à mes yeux – je ne peux pas résister à un beau tissu japonais teint à l’indigo ou imitant simplement cette palette de couleurs, imprimé ou non. J’ai un peu tendance à les collectionner, et pour ne pas m’encombrer trop, j’achète des petits coupons alors que, vous le savez si vous avez l’habitude de me lire, je ne fais pas de patchwork (en couture, c’est ma limite : pas assez soigneuse pour que mes coutures soient parfaitement alignées). Je m’en sers généralement pour réparer des vêtements façon “boro”, ce qui est peut-être bien un ancêtre ou un lointain cousin du patchwork.
Autre petit péché mignon, bien que je ne passe pas énormément de temps sur les réseaux, j’avoue que j’adore regarder des vidéos de couture. Surtout pour coudre des sacs, mais vous savez, dans la petite colonne de droite, là, celle qui finit toujours par vous tenter façon “allez, j’en regarde une dernière et je me remets au boulot” ? Oui, c’est là que je suis tombée sur un tuto crazy patchwork du Fil d’Emma qui vous met l’eau à la bouche, notamment quand vous avez la manie de ne rien jeter, pas même de tout petits morceaux de tissu un peu biscornus.
Cela faisait un moment que je voulais “rhabiller” notre plateau de petit déjeuner et je me disais que le tissu bleu se marierait très bien avec le brun chocolat de ma théière traditionnelle anglaise brown betty. Il me fallait un napperon et un cache-théière.
J’ai commencé par le napperon en utilisant la technique de crazy patch dont je viens de vous parler. C’est super facile et super amusant, j’ai adoré ! Le fait de travailler sur un support (pour moi du vieux drap trop usé même pour faire des mouchoirs) facilite grandement les choses. Une fois que j’ai couvert tout le rectangle correspondant au fond du plateau (avec une petite marge de couture), j’ai ajouté quelques points de sashiko décoratifs et ensuite j’ai posé une doublure.
Pour le cache-théière, il fallait inventer un patron, et je me suis inspirée de la forme d’une courge avec ses côtes. J’ai choisi de faire 8 “côtes” que j’ai dessinées sur un bout de papier après avoir mesuré la circonférence de la théière à 3 ou 4 endroits différents ainsi que la hauteur. Je les ai découpées dans différents tissus puis assemblées en laissant des fentes sur les côtés pour laisser émerger le bec et l’anse de la théière. J’ai fait la même chose dans du tissu uni pour la doublure. J’ai matelassé le tout pour garder le thé au chaud et voilà !
Certains voient arriver l’été avec délices pour lézarder au soleil… ce n’est certainement pas mon cas ! Comme je souffre facilement de la chaleur, je crains beaucoup les poussées de température qui m’empêchent de dormir ou de m’activer dans mon atelier !
Mais j’adore l’été pour ses fruits. J’en mange des kilos. Non seulement je les savoure des lèvres et des dents, mais je les dévore aussi des yeux ! Pour moi, il n’est (presque) rien de plus sexy qu’une belle coupe de fruits colorés et très variés qui traîne sur la table familiale en chuchotant : “Mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi…”
Oui, mais il y a un corollaire à cela qui ne me plaît pas du tout : les moucherons, autres grands amateurs de fruits. Grrrr ! Rien ne m’énerve plus que d’en voir une nuée sur mon plafond. Ou, pire encore, sur mes fruits.
J’ai donc fini par acheter un de ces paniers à fruits et légumes asiatiques, sorte de petit garde-manger où un tulle protège les produits alimentaires précieux et fragiles que la fraîcheur du réfrigérateur abîmerait. Cela ne coûte pas très cher et on peut replier le tulle protecteur pour le ranger à plat, si besoin.
En revanche, ce n’est pas forcément très solide. Je m’attendais à voir casser une des fines éclisses de bambou mais non, bizarrement, un trou est apparu dans le tulle. Je n’ai aucune idée de la façon dont ce tulle a pu se déchirer, et je n’ose imaginer une armée de moucherons équipés de petits rasoirs qui arpenteraient mon salon en pleine nuit… Arrgh !
Mais bon, j’avais une chute de tulle gris moucheté, très chic, alors je me suis décidée à démonter et remonter la “voilette” du panier pour la remplacer. Ce faisant, je tremblais à l’idée que l’armature parte en morceaux et c’est plus ou moins ce qu’elle a essayé de faire, mais peu de choses sont impossibles à une fille entêtée armée d’une forte aiguille et de quelques mètres de fil 😉
Tant qu’à faire, j’ai même rajouté un bout de ruban pour lui faire une jolie “poignée”.
Je suis ravie de mon nouveau panier à fruits chiquissime ! Et vous, qu’en pensez-vous ?
Voilà un long moment que je ne vous ai pas raconté mes aventures créatives ! Il faut dire que j’ai beaucoup travaillé, beaucoup cuisiné, beaucoup un tas de choses, et puis j’ai fait plein de petites bidouilles de couture, notamment pour ma cuisine. Parfois, je suis pleine d’inspiration pour inventer des aménagements pratiques. Alors, pour ne pas vous laisser croire (avec horreur !) que ce blog est en sommeil et que j’ai perdu tous mes doigts, je vous les montre… mes bidouilles de couture, bien sûr, pas mes doigts.
Deux petits berlingots en sashiko
Ils sont en jean (récup’, bien sûr), ornés de motifs sashiko (sinon on s’embête) tout simples (ça va plus vite), et garnis de gravier. À quoi servent-ils ? À entrebâiller des appareils électroménagers pour éviter les mauvaises odeurs !
Un sac à suspendre
Là encore réalisé dans des chutes de tissu (j’en ai tellement !), un sac suspendu au frigo (à l’aide d’un crochet aimanté) pour ranger les capsules de lave-vaisselle (pas de panique, il n’y a pas d’enfants à la maison, et il est suspendu relativement haut). C’est un patron signé Swan Family.
Une housse à germoir
Oh que je les aime, les pousses de soja ! Mais mon maraîcher n’en vend jamais, car cela se garde mal. Du coup… Oh que je l’aime, mon petit germoir en céramique !
Au réveillon de Noël, ma fille a admiré la pochette “Complice” que j’avais réalisée pour ma nièce, et ce fut l’occasion pour moi de m’extasier sur ma découverte des modèles Sacôtin… Ni une, ni deux, elle m’a demandé une trousse de toilette, et elle ne pouvait pas me faire plus plaisir !! J’ai choisi la “Fringante” et j’ai beaucoup apprécié la construction originale permettant de la retourner facilement tout en réalisant des finitions intérieures impeccables. Encore une fois, je me suis régalée avec les explications claires comme de l’eau de roche de Véro Pinson, et ma fille est ravie du résultat.
Plus ça va, moins j’achète de produits tout faits. Je suis trop déçue par leur tenue dans le temps, et je ne suis pas du genre à changer ma déco tous les six mois. Il y a quelques années, j’ai craqué pour des housses de coussin en lin dans un magasin parisien genre concept-store, une mine de belles choses et de tentations, parce que j’avais adoré les couleurs. Voici le résultat aujourd’hui : elles ont été fabriquées avec un lin si fin qu’il n’a tout simplement pas supporté que nous nous y adossions ! Un comble ! Voici des mois qu’elles partent en lambeaux.
J’ai décidé de les remplacer et de les faire moi-même, cette fois-ci, car mes tiroirs regorgent de chutes de lin d’excellente qualité, bien épais (que j’achète sur le site Linoulautre), avec lequel je fais mes vêtements et je refais, petit à petit, tout mon linge de maison. Les quatre coloris que j’ai choisis sont respectivement des chutes d’un pantalon, d’une veste, de sets de table et de serviettes de table.
Je les ai agrémentées de broderies sashiko (matériel et modèles proviennent de ma chère boutique Sahiko-ya, où j’ai appris les techniques du sashiko et du boro). J’ai peiné sur le poisson (d’autant que le motif, tracé avec du carbone de brodeuse blanc, avait tendance à s’effacer au fur et à mesure des manipulation), vraiment, je préfère les motifs géométriques.
Puisque j’étais partie sur du durable, j’ai décidé de les fermer avec une fermeture à glissière et non un simple rabat façon oreiller comme les housses que j’avais achetées (là encore, le fabricant est allé au moins cher, et pourtant je les avais payées un bon prix, ces housses ! quelle arnaque !). Pour que la tirette ne vienne pas égratigner encore davantage notre canapé en cuir qui a bien vécu (merci les chats), j’ai posé une fermeture protégée par un rabat. J’ai trouvé les explications sur le blog “Les lubies de Louise”. Ce n’est pas compliqué !
Les coussins de garnissage, je les ai choisis il y a des années munis d’une fermeture à glissière, eux aussi, donc j’ai profité de ce rafraîchissement pour rajouter un peu de rembourrage dedans. Maintenant qu’ils sont bien gonflés et que les housses sont maintenues bien tendues par les fermetures, ils sont aussi confortables que pimpants. Et je n’ai plus honte quand j’ai un invité ou une stagiaire (avant, je les cachais, pour tout vous avouer, mais quoi de plus triste qu’un canapé tout nu !)…
Noël est passé, on peut montrer nos créations sans risquer de ruiner la surprise !
Ma nièce a apprécié la pochette que je lui ai offerte, mais j’ai moi-même pris un plaisir infini à la réaliser. Il faut dire que depuis que j’ai cousu la sacoche “50 nuances de bronze” pour mon petit mari, je suis littéralement amoureuse des modèles Sacôtin. En plus j’adore faire des sacs… Et comme j’avais très envie de tester la pochette “Complice”, eh bien… ma nièce s’est retrouvée avec une pochette pour Noël, la pauvre 😉
Les deux tissus bleus que j’ai utilisés viennent de chez Jinh, qui est ma caverne d’Ali Baba en matière de tissus japonais, et pour les accessoires type entoilage, Velcro, bouclerie et fermeture, je ne me suis pas fatiguée, j’ai acheté le kit tout prêt de la Mercerie des créateurs. Et j’ai trouvé un joli ruban scintillant chez ma mercière pour l’anse qui transforme ce portefeuille en sac minimaliste. Comme d’habitude, tout était très, très bien expliqué, merci Véro ! Et j’aime travailler ce genre de petite choses avec plein de pièces et de détails. En plus, pour bien réussir les porte-cartes, il y avait carrément des tutos en vidéo. J’ai enfin eu l’occasion de me servir du pied no 5 de ma machine pour autre chose que les ourlets invisibles : il est parfait pour faire des surpiqûres bien nettes. Je ne pourrais plus m’en passer !
L’été est bel et bien là, on a déjà eu un petit épisode un peu chaud-chaud-chaud… Ma spécialité, c’est de vivre dans les courants d’air quand il fait encore un peu frais à l’extérieur, puis de tout calfeutrer en attendant la prochaine accalmie du thermomètre. Mais pendant la période “courants d’air”, ce qui me tape vraiment sur les nerfs, ce sont les portes qui claquent ! Je sais, c’est un corollaire, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, etc.
Du coup, les garçons qui habitent avec moi calent les portes avec ce qui leur tombe sous la main : un T-shirt sale pour l’un, une vieille basket pour l’autre. On les coince dans le chambranle et hop ! plus de portes qui claquent, et le glamour est assuré 😀
Ça faisait un moment que je réfléchissais à ce petit bricolage un peu moins laisser-aller, et au moment où un certain virus que je ne nommerai pas m’a mise sur le flanc, je n’avais plus l’énergie de faire autre chose que manipuler de tout petits, petits morceaux de tissu, donc… voici mon “anti-claque-porte”. Avec sa petite bride pour le suspendre à la poignée quand on ne s’en sert pas (voui, je pense à tout). Si vous avez envie d’en fabriquer un, je vous ai concocté une petite fiche gratuite que vous retrouverez sur la page “Fiches gratuites et patrons”. Rien ne vous empêche d’agrandir le modèle pour réaliser un coussin de canapé un peu original !
Entre deux confinements, j’ai eu le plaisir de découvrir le sashiko lors d’un stage à Espace Japon. J’y avais déjà entrevu l’art du soroban (boulier japonais) et de l’ikebana (art floral), et pendant le premier confinement, j’ai même appris (en visioconférence) à cuisiner de délicieux ramens. Bref, on peut dire que j’y ai mes habitudes… Mon Prince m’offre même des bons cadeaux, c’est dire !
Le sashiko me faisait envie depuis un moment, je devinais dans ses lignes géométriques la possibilité d’une activité aussi méditative que mon cher filage… et j’avais parfaitement raison. Vous me direz qu’il n’y a pas besoin de faire un stage pour broder des lignes. Mais j’adore apprendre de nouvelles techniques et la tenue traditionnelle de notre professeur valait à elle seule le déplacement. Et puis il y a quand même deux-trois trucs à savoir, ne serait-ce qu’apprendre à préparer une échevette de fil, car cela ne s’utilise pas comme un fil à broder classique. Et dans ces lignes géométriques, il y a tout un cheminement, figurez-vous. On ne brode pas au hasard. En suivant les lignes, en revenant sur nos pas, on a l’impression de se promener dans un jardin zen.
Bon, ce premier bout de broderie était “facile” car le tissu était préimprimé (il suffit de le laver pour faire disparaître les traces du dessin). Ce motif-là, très connu, s’appelle asanoha (“feuille de chanvre”). Comme je ne voulais pas que ma première œuvre reste sous forme d’échantillon, je l’ai pliée en deux, j’ai ajouté une fermeture à glissière et hop ! Une petite trousse pour ranger mes échevettes et mes aiguilles.
Pour acheter du fil supplémentaire, sur le conseil de mon professeur, je suis allée dans une vraie caverne d’Ali Baba : la boutique Sashiko-ya, tenue par Satomi Sakuma et son charmant mari. Et là, j’ai découvert que Satomi ne fait pas que du sashiko : c’est une vraie pro du boro et du boro mending (elle fait d’ailleurs souvent des démonstrations d’upcycling ici et là). Qu’ai-je donc fait ? Vous me voyez venir ? Évidemment, je me suis inscrite à un stage ! 😊
D’abord, pour apprendre le boro, qui est une sorte de patchwork à la japonaise. Nous avions à décorer un rectangle de tissu que nous allions ensuite plier en deux pour en faire un sac. Satomi nous a distribué des petits bouts de tissu que nous avons coupés, disposés sur le rectangle bleu foncé et cousus. Une fois rentrée à la maison, j’ai rehaussé certaines pièces de points de broderie avant d’assembler mon sac, puis j’ai réalisé une cordelette assortie en kumihimo pour le fermer et hop ! Un petit sac pour ranger mes bouts de tissu.
En effet, en fouinant dans la boutique, j’avais trouvé des pièces de tissu préimprimées pour réparer les jeans (ou tout ce qu’on veut d’autre)… très pratique ! Surtout pour le boro mending.
Le boro mending, c’est l’ancêtre de la broderie au Japon : c’est en effet en réparant les vêtements abîmés à l’aide de pièces de tissu maintenues par des lignes de couture que l’on a inventé le boro et le sashiko ! Toutes ces techniques sont étroitement liées, et elles collent bien au désir actuel de mieux consommer, de moins jeter, de réparer. “Ending is better than mending” (mieux vaut jeter que réparer), enseignait-on aux enfants du Meilleur des mondes pour les pousser à consommer (meilleur peut-être, mais pas si génial, ce “monde” imaginé par Aldous Huxley – le premier roman que j’aie lu en anglais, si mes souvenirs sont exacts). Je préfère retourner ce dicton et affirmer à mes propres enfants : “Mending is better than ending”.
Lors de ce troisième stage, j’ai donc appris diverses techniques pour masquer un accroc. J’aime bien cet échantillon de petits trous réparés et je ne le laisserai pas dormir au fond d’un tiroir. Vous ne pensez pas qu’il ferait une très chouette poche, sur une veste ample ou un sac en jean ?
Ensuite, Satomi nous a enseigné le sashiko hitomezashi, basé sur des grilles qui permettent de solidifier la pose d’une pièce de tissu destinée à recouvrir une partie de vêtement usée. Encore plus méditatif que le sashiko traditionnel (qu’on appelle moyozashi). J’adore. Le sashiko hitomezashi a un côté très binaire qui me berce. Je suis partie de chez Satomi avec plus de fils à broder, de belles aiguilles offertes à l’occasion du stage et son joli livre, qu’elle a eu la gentillesse de me dédicacer (en japonais !).
Une fois rentrée à la maison, devinez ce qu’il s’est passé… Les jeans usés sont sortis tout seuls de leur placard pour venir s’entasser sur mon bureau ! Si, si, je vous assure ! Voilà pourquoi vous allez maintenant pouvoir admirer une jolie collection de fesses 😀 Pour certains, j’ai utilisé mes pièces préimprimées ; pour d’autres (le noir par exemple) j’ai tracé moi-même les motifs sur des chutes de tissu (avec un porte-mine à mine blanche). C’est là que j’ai été ravie d’avoir une règle à patchwork, trèèèès pratique pour tracer des grilles. Mais si l’on ne veut pas s’embêter à tracer des grilles, il existe des tissus préimprimés avec des points qu’il suffit de relier pour obtenir le motif de son choix.
Mais je n’ai pas oublié le sashiko, puisque j’ai récupéré un vieux bout de drap jaune (rien ne se perd chez moi !) pour faire un sachet à citrons.
Comment, vous n’avez pas de sachet à citrons ? Comme je vous plains ! C’est un indispensable dans toute cuisine… En tout cas si, comme moi, vous aimez mettre une rondelle de citron fraîchement coupée (merveilleuse odeur pour commencer la journée) dans votre thé du matin. Comme on garde la peau, j’achète donc des citrons bio. Mais ils s’abîment vite… Alors que mon cher primeur s’étonnait de me les voir acheter un par un (et revenir souvent), je lui en ai fait la remarque et il m’a expliqué que les citrons, pour rester en pleine forme, ne doivent côtoyer aucun autre fruit ou légume. D’où la nécessité d’un sac à citrons. Voilà, vous savez tout 😉
Comme je travaillais cette fois sur du tissu jaune, j’ai utilisé un feutre Frixion pour tracer le motif shippo (“sept trésors”). Le souci avec les motifs tracés à la mine blanche, c’est qu’ils finissent par s’effacer quand on manipule le tissu et qu’il faut les redessiner de temps en temps, mais je ne vois pas comment faire autrement sur du tissu foncé ; il faut que j’essaie le carbone de brodeuse pour voir si c’est plus stable. Le feutre Frixion est parfait pour les tissus clairs ; une fois qu’on a terminé, il suffit d’un coup de fer à repasser pour effacer les traces. Là encore, sus à mon marudai (tabouret de kumihimo) pour faire les cordelières et hop ! Un sac à citrons. Et, en effet, ils ne s’abîment plus.
Maintenant, vous savez pourquoi j’ai été silencieuse ces derniers temps : je tirais l’aiguille… Mais je vous rassure, mon rouet et mon métier à tisser ne sont pas oubliés, loin de là.
J’ai profité du confinement pour découvrir la cuisine japonaise. Pour vous, ça sera certainement autre chose, mais on peut avoir envie de réunir dans une (jolie si possible) trousse un certain nombre d’outils qui sont réservés à un certain usage. Aujourd’hui, j’avais envie de partager avec vous ma démarche, que j’ai aussi utilisée pour mon “tablier de marché”. Le principe : au lieu de prendre crayon et papier pour créer un patron, commencer par les poches.
Là, j’avais besoin de ranger une cuiller à riz, un couteau bien aiguisé (pour découper le poisson des sushis), des baguettes, une natte pour les makis, un petit livre de recettes et des moules pour onigiris, sushis et gyozas (des accessoires que j’ai reçus sous la forme d’un kit fourni dans une grosse boîte encombrante, sauf le moule à onigiris que j’ai acheté à part).
Donc, comme je vous l’ai expliqué pour mon “tablier de marché”, ma première démarche pour ce genre d’ouvrage n’est pas de créer une sorte de sac et ensuite de trouver un emplacement pour chaque objet. Au contraire, j’ai commencé par réaliser les poches de chaque objet, puis je les ai disposées sur ma surface de travail afin de déterminer à quoi ressemblerait la trousse finale.
Par exemple, pour le couteau, pas question d’utiliser du joli tissu qui risquait de s’user très vite au contact de la lame : j’ai tracé le contour de cette dernière sur un bout de papier, puis j’ai ajouté une marge de couture et j’ai découpé deux morceaux dans une chute de cuir. Astuce : pour avoir un joli résultat, j’ai découpé le premier morceau, j’ai déposé de la colle à cuir sur 1 mm de bordure (sauf en haut bien sûr ! et j’ai laissé 1 cm de bords libres en haut pour pouvoir faire mes surpiqûres confortablement) avec un coton-tige, j’ai collé ce morceau sur un autre bout de cuir et j’ai ensuite coupé le bout du dessous au bord, avec un cutter rotatif. Résultat : impec !
Ensuite, j’ai mesuré les autres objets et réalisé les poches correspondantes dans des restes de tissu japonais. Ah ! oui, je ne vous l’ai pas encore dit : cette trousse ne m’a rien coûté puisque je n’ai employé que des chutes d’ouvrages précédents (notamment une jolie veste façon kimono dont je me suis fait cadeau en début d’année – je ne vous l’ai pas montrée parce que j’ai eu la flemme de poser pour la photo, hi hi). Pour la plupart, des poches plates, plus une à soufflet pour glisser le petit livre de recettes et les moules à sushis et onigiris, que j’ai décidé de réunir.
Restait à concevoir le corps de la trousse et la fermeture.
Pour ce genre de chose, avec des objets disparates à ranger, je vais au plus simple : tout disposer sur une surface plate qui sera enroulée, comme pour les pochettes à embouts d’aiguilles circulaires que j’ai déjà créées par le passé. Il m’est aussi arrivé d’en créer une pour un passionné de photo qui souhaitait ranger des accessoires (genre filtres) dans une housse bien moelleuse.
Après avoir réalisé les patrons des poches, puis les poches elles-mêmes, je les ai alignées sur mon plan de coupe avec l’espacement que je souhaitais et j’ai déterminé la taille du fond, que j’ai coupé avec quelques centimètres de marge. J’ai ajouté un rabat en haut pour être sûre que rien ne tomberait quand je transporterais la trousse.
Pour la partie extérieure, plus visible, j’ai eu envie d’être un peu plus décorative, mais il ne me restait plus grand-chose comme chutes de tissu. Je ne suis pas une fana de patchwork, mais j’aime bien assembler des bandes de tissu en “log cabin”, ça permet vraiment d’aller jusqu’au bout de tous les restes… Par contre, c’est super géométrique… peut-être un peu trop pour moi… alors, en surfant un peu sur la Toile, j’ai découvert le crazy log cabin, et ça, ça m’a bien plu. J’ai donc assemblé un certain nombre de bouts de rien du tout que j’aurais sans doute jetés dans d’autres circonstances, j’ai retaillé le résultat à la mesure de mon rectangle de base, et j’ai assemblé le tout (avec un molleton entre les deux pour donner du corps à la trousse).
Pour la fermeture, vous vous étonnerez sans doute que je ne m’y sois pas prise plus en amont. Cela m’aurait permis de prévoir des boutonnières ou des fixations magnétiques. Mais je n’avais pas envie de quelque chose d’aussi précis, parce qu’avec ce genre de trousse, on peut avoir envie de rajouter un nouvel outil ou accessoire, et du coup cela ne fermera plus. Pour rester dans la “japonaiserie”, j’ai donc décidé de tisser un galon rond au kumihimo, et il ne m’a fallu ensuite que quelques minutes pour broder des passants avec le même fil (dédoublé) pour le maintenir en place, en haut et en bas de la trousse, à environ un tiers de la hauteur. Allons vers la facilité et l’improvisation ! 😊
Et voilà ! Toutes mes petites affaires ont trouvé leur place, et je ne vais plus me demander dans quel tiroir les gentilles personnes qui vident le lave-vaisselle les ont glissées (est-ce que je ne vis pas dans le luxe le plus total ? eh oui, chez moi il y a plein de petits lutins magiques qui ont la gentillesse de ranger la vaisselle propre ! “Femme comblée, je suis !” aurait pu dire Yoda s’il avait eu deux chromosomes X – mais après tout, c’est peut-être le cas, il me semble bien que les créateurs de Star Wars ne se sont pas encore penchés sur sa formule ADN).
Et maintenant, que vous proposer si vous avez envie de vous lancer dans la cuisine japonaise ? Découvrir les mangas et la série de La Cantine de minuit, bien sûr (en anglais : Midnight Diner: Tokyo Stories), et le livre de recettes qui va avec !
Il y a quelque temps que j’ai commencé à réaliser des cordons et des lacets en kumihimo.
C’est un art japonais trrrès ancien qui consistait (et consiste toujours) à tresser des lanières et cordons de toute sorte pour fermer les vêtements avant l’invention du très récent bouton mais pour aussi orner des armures ou des épées, entre autres. Moi qui aime bien réaliser les choses d’un bout à l’autre, cela me convenait tout à fait pour fabriquer des coulisses de petits sacs, de pantalon, etc.
J’ai commencé avec une banale rondelle de mousse, mais je n’arrivais pas à faire des cordons réguliers et j’ai vite compris (grâce à mon expérience en tissage) que c’était une question de tension. Après avoir un peu économisé, je me suis donc offert un marudai (le “tabouret” de tissage) et des tamas (les poids), ainsi que deux livres très bien faits.
Il ne me restait plus qu’à confectionner quelques sachets en chutes de tissu pour ranger les tamas, pour réaliser le contrepoids que l’on accroche au cordon en cours de tressage (lesté avec une poignée de billes que mon fils m’a gentiment cédées : il suffit d’en ôter ou d’en rajouter pour l’équilibrer selon le nombre de tamas utilisés)… Et aussi, bien sûr, un sac plus grand pour ranger le marudai (le modèle que je possède est démontable : le socle, la partie supérieure que l’on appelle “miroir” et les quatre pieds se dévissent, ce qui le rend tout à fait transportable bien qu’il soit assez lourd) ainsi que les livres.
Un ouvrage de huit fils (donc huit “tamas”) presque terminé sur le “marudai”.Le contrepoids.Les sachets de rangement.
J’ai complété le tout avec une anse dans des coloris assortis, tissée à l’aide de mon inkle loom.
Bien sûr, les cordonnets fermant les sachets et celui qui clôt le sac lui-même, cousu à la façon d’un brandebourg, ont tous été réalisés à l’aide du marudai. J’avoue que, même si le disque en mousse a trouvé sa place dans une des poches du sac, le marudai est beaucoup plus confortable et efficace (et j’adore la petite musique des tamas qui se heurtent légèrement lorsqu’on alterne leurs positions). Je le garde donc, mais seulement au cas où mon fils déciderait de se mettre un jour aux bracelets brésiliens !