Du nouveau en boutique côté tissage…

collection écharpes artisanales chevronnées mérinos alpaga midian ruedelalaine
Écharpe “Entre Ciel et Terre”

L’hier est loin d’être fini ! Si vous cherchez un peu de chaleur, faites un tour en boutique 😉

Enfin, un petit moment de répit qui tombait pile le même jour que le premier rayon de soleil depuis des lustres. Il n’en faut pas moins pour que je puisse organiser une mini-séance photo qui permette de rendre à peu près fidèlement les coloris de mes créations…

En l’occurrence, j’ai beaucoup tissé à l’automne pour garnir de belles choses mon stand du marché de Noël de Vanves. Mais ce week-end-là, il faisait un froid glacial ! Conséquence : une grande partie de ces nouvelles écharpes sont reparties au cou de l’une ou de l’autre. Il me restait toutefois quatre nouveautés à vous montrer.

D’abord, une nouvelle collection en collaboration avec l’artiste fileuse et dentellière Midian, qui n’a pas son pareil pour carder des nappes magnifiquement dégradées. C’est avec elle que j’ai commencé ma collection “Précieuses” en 2014 et que je l’ai poursuivie en 2017. Et il y en aura d’autres, rassurez-vous ! Elles ont beaucoup de succès et il m’en reste d’ailleurs très peu. Pour Noël dernier, Midian et moi nous sommes lancées dans une nouvelle collection, les “Chevronnées”, tissées avec une armure de chevrons (motif que j’adore !) qui met bien en valeur le contraste entre le fil dégradé de la chaîne et le fil d’alpaga très doux de la trame. Il m’en reste deux que je viens de mettre en vente dans la boutique en ligne.

collection écharpes artisanales chevronnées mérinos alpaga midian ruedelalaine
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Mais eu égard à la conjoncture de la fin de l’année 2022, qui n’était ni gaie ni chaleureuse, j’ai voulu créer aussi des étoles fantaisies colorées, larges et moelleuses, ce genre d’étole qui vous prend dans ses bras, dans laquelle on peut s’envelopper le haut du corps pour se blottir dans son canapé avec un bon bouquin et une tasse de thé. Ou de café. Ou de chocolat. Enfin, tout ce qu’il nous faut pour un moment hygge ! Je vous présente donc “Printemps d’Aphrodite” et “Ode à la Traviata”.

étole tissage artisanal fils filés au rouet
Étole “Printemps d’Aphrodite”
étole tissage artisanal fils filés au rouet
Étole “Ode à la Traviata”

Doux comme un lapinou

filage au rouet

… et pour cause ! Il y a beaucoup d’angora dans cet écheveau…

Pour le thème de filage de ce mois de juin, j’ai proposé aux fileuses et fileurs du forum Tricotin de travailler à partir d’une nappe cardée.

Pour ma part, j’ai eu envie d’une nappe texturée mais très douce, donc j’ai choisi une base de mérinos pastel (melon et rose) auquel j’ai ajouté de la soie de sari, de la bourrette de soie et une grosse poignée d’angora duveteux gris naturel. Je vous montre les fibres avant le passage des fibres en cardeuse car lorsque la machine les amalgame en différentes couches, cela a tendance à en masquer le contenu. C’est d’ailleurs ce que j’aime dans les nappes : c’est pendant le filage qu’on découvre les diverses fibres, comme autant de petites surprises.

filage cardeuse nappe cardée filage cardeuse nappe cardée filage cardeuse nappe cardée

Et la meilleure façon de “déguster” toutes ces petites surprises, pour ma part, je trouve que c’est de réaliser un gros fil moelleux en corespinning. L’Aura de Majacraft est parfait pour ce genre d’exercice. J’ai tout simplement déchiré la nappe en bandes qui se sont enroulées comme par magie autour du fil de laine fin que j’avais choisi pour faire le core.

filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet

Et un, et deux, et trois écheveaux !

L’année n’était pas finie tant que je n’avais pas bouclé le thème du mois !

Voici les trois derniers… Je n’ai plus qu’à entamer 2018 avec le sourire, et toujours plein de projets.

Thème du mois d’octobre 2017 : “La feuille d’automne”

Moi qui saute sans coup férir sur l’inspiration saisonnière, il était incroyable que je n’aie pas encore proposé aux fileuses et fileurs du forum Tricotin le thème de l’automne. C’est un thème que j’ai souvent abordé, je raffole des nuances chaudes et douces à l’œil, mais surtout pas mièvres, qu’il permet de marier. La vue de ma fenêtre n’est pas très bucolique, car je suis en pleine ville, mais quand même, les arbres du parc municipal – il y en a une grande variété – sont bien beaux en cette saison. M’inspirant de leurs couleurs, je me suis décidée pour un cardage fantaisie, avec toutes sortes de fibres texturées, un filage assez gros et irrégulier, et un retors avec un fil de lin jaune, plus fin.

écheveau d'art fil fantaisie filé au rouet
Thème du mois de novembre 2017 : “Dans mon assiette”

Ah ! la gastronomie ! vaste sujet dans notre beau pays… Il a toujours fasciné la gourmande que je suis, mais j’avoue avoir découvert avec un grand plaisir l’essor de la nouvelle “nouvelle cuisine” promue et encensée par les médias. Depuis qu’ils passent à la télé, les grands chefs suscitent un intérêt qui dépasse le cadre des restaurants où seule une très petite minorité peut se permettre de réserver une table. La photographie culinaire est devenue un art à part entière (non non, je ne parle pas des gens qui photographient leur assiette avant de manger avec leur portable, flash réglé au maximum…) et beaucoup considèrent d’un œil neuf la présentation du moindre mets. Peut-on traduire un joli plat en écheveau ? Après tout, n’avons-nous pas commencé en filant “un plat de nouilles” ?

La période des fêtes invite à travailler des produits coûteux pour réaliser des mets sophistiqués dont on espère qu’ils vont semer d’étoiles les yeux de nos invités. Dans ma famille, nous avons, depuis quelques années, simplifié le rituel du réveillon de Noël pour que les fêtes se passent avec moins de stress et plus de plaisir partagé. J’ai donc eu le plaisir d’offrir à mes enfants, qui en raffolent, une jolie macédoine de légumes… Dedans, des cubes de carotte, pommes de terre, courgette, des tronçons de haricots verts et des petits pois.

écheveau d'art fil fantaisie filé au rouet

Thème du mois de décembre 2017 : “Volcan !”

C’est une des expressions les plus antédiluviennes de la nature, la manifestation concrète de la vie intérieure de notre planète avec tous ses mystères physiques et chimiques… Préférez-vous  la douceur assoupie des volcans éteints, la fureur orangée des volcans en éruption ou les discrètes mais envoûtantes piscines chaudes où les pouvoirs de Mère Nature se laissent deviner ?

Je l’avoue, j’ai surtout choisi ce thème pour plaire à mon fils, qui est un passionné de volcans depuis des années. Et puis je ne pouvais résister au contraste des terres volcaniques presque noires avec les couleurs brûlantes de la lave… Il a fallu teindre de la bourrette de soie pour les toutes petites étincelles, et carder des fibres rouges et orange pour les coulées de lave, à intégrer soit au cardage, soit au filage dans un mélange de noir, bruns et gris anthracite.

écheveau d'art fil fantaisie filé au rouet

Tous ces fils foufous figurent dans la section “Écheveaux fantaisie” de la boutique.

Une poignée de boucles

fil artisanal boulé mohair

Il y a peu, le magazine PLY a consacré tout un numéro aux fils bouclés, et j’avoue qu’en tant que tisseuse, j’ai pour eux une tendresse particulière. Je ne sais pas si celles et ceux parmi vous qui taquinent le rouet en faites souvent, et si vous aimez les tricoter, mais pour ma part, je suis tout à fait séduite par leur texture qui semble “sauter” hors du tissu ou du tricot en criant : “Touchez-moi, touchez-moi !” J’apprécie leur relief grenu et la façon dont ils accrochent la lumière. Pour le mois de mai, j’ai donc proposé ce thème de réflexion aux fileuses et fileurs du forum Tricotin.

Pour ma part, je me suis plongée dans mon PLY et j’ai épluché le premier article sur le bouclé, une “recette” de bouclé “classique” rédigée par la fabuleuse Jacey Boggs.

Pour commencer, j’ai teint du mohair (pour les boucles) et de la soie (pour les deux fils fins destinés à les “piéger”). Eh oui, j’ai parfois tâté du bouclé, ici et là, et pourtant je ne m’étais encore jamais décidée à utiliser du mohair, alors qu’on m’a souvent dit que les qualités intrinsèques du mohair en faisaient la meilleure fibre possible pour obtenir des boucles bien rondes ! Il était temps de combler cette lacune.

fil artisanal boulé mohair

En suivant les conseils distillés dans l’article, j’ai filé la soie assez fin pour réaliser le premier fil du retors (le core), autour duquel le fil de mohair devait venir s’enrouler. Jacey Boggs conseille de le filer en S (dans le sens antihoraire), avec très peu de torsion, car on va venir en rajouter en réalisant le premier retors, également en S. Il faut prendre son temps pour peaufiner le réglage du rouet afin d’obtenir un fil fin, peu tordu mais tout de même solide.

Ensuite, j’ai filé le mohair en Z (dans le sens horaire), un peu plus gros mais pas trop, et moyennement tordu (c’est ce qu’on appelle le wrap).

Pour le premier retors, j’ai laissé le fil de mohair s’enrouler autour du fil de soie dans le sens antihoraire (en S) en le maintenant à 90°, et en le repoussant vers le haut entre le pouce et l’index à intervalles réguliers pour former de jolies boucles bien rondes. Pas évident, c’est un geste à saisir, mais c’est amusant. En revanche, mieux vaut ne pas trop s’attacher à ces jolis ronds, ils sont pas mal chahutés en passant par les anneaux du rouet avant de s’enrouler sur la bobine…

fil artisanal boulé mohair

Ensuite, j’ai repris le fil de soie qui me restait et je l’ai repassé rapidement dans le rouet (en S) pour lui ajouter un peu de torsion, afin qu’il en contienne à peu près autant que celui de départ, une fois retordu (cela devient le binder). Vous me suivez toujours ?

Là, il ne restait plus qu’une étape : le second retors. Il se fait en Z, et le second fil de soie doit venir piéger les boucles pour qu’elles ne glissent plus le long du premier fil de soie. Il faut en profiter pour remettre en place celles qui ont été télescopées par les anneaux du rouet. On apprécierait d’avoir une main supplémentaire pour le faire, mais bon, on y arrive.

Un petit shampoing dans l’eau chaude pour le blocage, et voilà, c’est terminé !

Il me restait un peu de fil de soie, je l’ai retordu en navajo, il n’y a pas beaucoup de métrage mais il pourra toujours trouver une place dans un tissage fantaisie…

fil artisanal boulé mohair fil artisanal boulé mohair

Trois p’tits coquelicots

Pointillisme ou tachisme, que préférez-vous ? Quand je parle à des fileuses ou des fileurs, je sais que je parle généralement à des passionné(e)s de couleur… c’est pourquoi j’ai embêté les artistes en fibres du forum Tricotin, le mois dernier, au sujet de la difficulté que l’on peut avoir à réaliser des fils présentant des plages de couleurs très réduites (j’avais fait un essai à ce sujet dans les thèmes des mois de mars 2016 et d’août 2016), ou bien des fils tweedés ou mouchetés.

Mes écheveaux étaient prêts fin mars mais il y a eu par ici comme un bizarre petit tourbillon spatio-temporel qui s’appelle les “vacances”… (des autres !) et impossible de trouver un moment calme pour les photographier et prendre le temps de venir vous écrire une ligne. Enfin, me revoilà.

Comme beaucoup, j’ai voulu travailler sur ce côté tweedé sur lequel nous sommes si nombreux à achopper dans le domaine du filage.

En s’inspirant de ce thème, Midian a filé un beau fil en suivant la méthode de Grace Shalom Hopkins (dans son ouvrage Blend, page 100) pour réaliser des rolags tweedés. Je l’avais aussi en ligne de mire (normal, on a les mêmes lectures ;-). J’envisageais également d’obtenir ce genre de résultat en cardant fibres longues et fibres courtes avec ma cardeuse, je n’arrive pas à me souvenir de l’endroit où j’avais repéré ce conseil.

Et enfin, Tine a partagé il y a peu sur son blog une vidéo proposant une autre façon de faire qui m’a tentée.

Au bout du compte, trois méthodes ! Vous me connaissez, ce n’est pas mon genre de réfléchir pour choisir la meilleure : en filage comme dans bien d’autres domaines, rien ne vaut l’expérimentation, donc je n’aime rien tant que multiplier les exercices et comparer le résultat.

Ainsi, ma démarche a été de séparer mes fibres (mérinos long en mèche dans des tons de verts, mérinos court rouge et orangé pour feutrage en nappe : je voulais reproduire un champ de coquelicots, un thème souvent traité en peinture) en trois parties afin de tester les trois méthodes.

Voici dans l’ordre les rolags, la nappe contenant des fibres longues et courtes, et la nappe ne contenant que des fibres longues, avec à côté les courtes que je voulais insérer dedans en utilisant la méthode partagée par Tine.

cardage fil tweed artisanal

Et voici, toujours dans l’ordre, les écheveaux qui en résultent.

cardage fil tweed artisanal

J’ai beau les retourner dans tous les sens, j’ai du mal à trouver une différence entre les deux premiers – celui réalisé avec les rolags et celui fait avec la nappe cardée.

En revanche, le troisième est nettement différent (et pas seulement parce qu’il est plus fin). Je trouve que les taches de couleur se rapprochent beaucoup plus de l’effet tweedé. Mais pas toutes : certaines sont clairement trop grosses. Ceci vient du fait que la technique n’est pas simple à maîtriser, elle demande de la concentration et de l’application, et pour tout dire je l’ai trouvée passablement épuisante (mais j’avais peut-être filé de longues heures ce jour-là)… donc si vous voulez l’essayer, commencez avec un petit écheveau et avec un fil pas trop fin. Cependant, je crois qu’avec l’habitude, on peut maîtriser ses effets comme si on posait des taches de couleur sur une toile, et là je me suis sentie en plein dans le thème 🙂

cardage fil tweed artisanal

Dix ans… le dernier cadeau !

écharpe fantaisie tissée à la main

Hier, mon blog a fêté ses dix ans. Et donc, l’opération “Dix ans, dix cadeaux” que nous partageons depuis le début de l’année tire à sa fin… Voici mon dernier cadeau.

En septembre, Dominique a remporté une pochette cousue main ornée d’un tissage circulaire.

Le cadeau d’octobre…

C’est le dernier, et le plus beau. Ce mois-ci, je vous offre une écharpe fantaisie en filés main, avec les rubans de soie teints artisanalement que j’aime utiliser dans ce genre de modèle. Qui la veut ?

Comment ça marche ?

J’aimerais pouvoir gâter 100 % de mes chères lectrices et chers lecteurs, mais ce n’est hélas pas possible ! Je vous propose donc un tirage au sort. Vous pouvez y participer en “aimant” (“likant”) ma page Facebook [https://www.facebook.com/ruedelalaine/] et en m’envoyant un message par e-mail. Je tirerai au sort le bénéficiaire du cadeau le dernier jour de chaque mois. Ce mois-ci, ce sera le lundi 31 octobre à 19 heures. Le ou la gagnant(e) sera immédiatement averti par e-mail, en réponse au message qu’elle (ou il) m’aura envoyé. Sans réponse de sa part dans les quarante-huit heures, il sera procédé à un nouveau tirage au sort.

Vous pouvez également utiliser l’adresse contact(à)ruedelalaine.com pour m’écrire, en remplaçant “(à)” par @. Désolée de vous forcer à faire cette manipulation, mais je cherche à éviter les spams qui me font perdre mon temps…

Suite à votre participation, vous serez inscrit à la newsletter de la boutique, si vous ne l’êtes pas déjà. Soyez rassuré(e), les messages ne sont pas nombreux et il est très simple de se désinscrire.

Attention

Vous ne pouvez pas participer au tirage au sort en publiant simplement un commentaire sur le blog. Cette fonction ne me permet pas de voir votre adresse e-mail, donc de vous identifier, de vous prévenir si vous avez gagné et de vous inscrire à la newsletter.

Tout le monde a le droit de participer. Toutefois, si vous ne vivez pas en France, je me réserve la possibilité de demander une participation aux frais de port. Vous pourrez naturellement refuser le cadeau si vous les jugez trop élevés, et dans ce cas je procéderai à un nouveau tirage au sort.

écharpe fantaisie tissée à la main écharpe fantaisie tissée à la main

Gagnante : Zouzou a remporté l’écharpe tissée main

Une couverture de bébé tissée entièrement en filés main

tissage artisanal couverture bébé

Dans le milieu du filage, on crée beaucoup de liens. Normal, pour des fileuses… C’est un assez petit monde, on ne se côtoie pas forcément beaucoup de façon physique, mais on communique énormément, surtout sur la Toile. Les liens d’amitié, de partage, de transmission ou d’admiration sont peut-être virtuels, mais ils sont nombreux et solides, colorés et texturés comme nos écheveaux.

C’est pourquoi, quand l’une de nous a annoncé sa grossesse, sa meilleure amie a créé un groupe secret sur Facebook afin de fomenter un petit complot. Vous le savez, on dit qu’il se passe des choses terribles sur les réseaux sociaux et c’est certainement vrai, mais il y a aussi de très belles idées, ça compense un peu.

Un groupe de marraines fileuses s’est ainsi constitué, dans l’optique d’offrir au bébé à venir et à sa maman un beau cadeau de naissance.

Je me souvenais d’un article lu dans Ply Magazine qui évoquait, dans des circonstances moins joyeuses (la maladie d’une amie), un groupe de fileuses qui avaient toutes envoyé à une tisserande un écheveau réalisé par leurs soins, afin de tisser une grande, chaude, réconfortante étole qu’elles souhaitaient offrir à cette amie en souffrance. J’ai évoqué ce projet et les marraines fileuses l’ont adopté.

Je suis partie en vacances et à mon retour, j’ai commencé à recevoir des enveloppes, des colis… une vraie avalanche de Noël ! Au bout du compte, je me suis retrouvée avec 17 superbes écheveaux – plus quelques petits bouts par-ci par-là. Un vrai trésor ! Il était temps de cesser d’admirer ces merveilles, que j’avais arrangées comme un beau tableau à la place d’honneur dans mon atelier, et de me mettre au travail.

J’ai commencé par écarter les fils qui n’allaient pas supporter d’être utilisés en chaîne, puis j’ai sorti mon Majacraft Dynamic Heddle et je me suis mise à ourdir.

Au début, j’espérais pouvoir tisser la couverture d’une seule pièce, pliée en deux, grâce au double peigne, mais je me suis aperçue que les différences d’élasticité de mes fils m’interdisaient totalement cet exercice. J’ai dû admettre qu’il allait me falloir tisser deux bandes que j’assemblerais par la suite, et j’ai retiré la moitié de la chaîne du métier.

Je pensais aussi faire du tissage fantaisie, mais les fils parlaient vraiment d’eux-mêmes et finalement, je me suis contentée de dessiner des carreaux en alternant des lignes et des colonnes de largeur équivalente. Partout où les fils se croisaient, se rencontraient, se mettaient en valeur mutuellement, deux fileuses se donnaient la main. En admirant tel ou tel effet, je me disais : “Tiens, voilà Stéphanie qui cause avec Pascale…”

Le thème de départ était la forêt, mais quand on a su que Julie attendait une petite fille, forcément, on a été tentées de filer du rose… J’ai donc eu deux dominantes de couleurs : des verts de toutes sortes et des bruns, et puis des roses orangés. C’est plus un beau jardin que je tissais, avec ses parterres de roses et de tulipes, qu’une forêt, mais je crois que je n’ai jamais pris un tel plaisir à tisser. Et une fois que j’ai eu assemblé les deux moitiés de la couverture, que je l’ai caressée, admirée, j’ai aussi pensé que je n’avais jamais réalisé un aussi grand tissage uniquement à base d’écheveaux filés à la main. Je dois remercier toutes les marraines fileuses de m’avoir fait confiance pour accomplir cet ouvrage, et du plaisir qu’elles m’ont apporté.

Bricolages…

filage fantaisie au rouet

Au mois de mai, j’ai proposé aux fileuses et fileurs du forum Tricotin de réfléchir à un thème un peu cryptique : un filage lié au concept de “bricolage”… qu’il s’agisse de bricoler en filant (par exemple pour enfiler des perles ou réaliser un fil très fantaisie) ou d’avoir recours à une bidouille quelconque pour préparer les fibres ou modifier un rouet.

Pour ma part, j’avais déjà une petite idée en tête. En effet, quand j’ai lu Hand Spun de Lexi Boeger, alias Pluckyfluff, j’ai été amusée par sa suggestion d’ajouter de la texture à un fil en le crochetant au cours du filage. Dit comme ça, cela paraît ardu et on imagine qu’une troisième main serait bien utile, pourtant on attrape vite le coup, finalement !

Concrètement, je me suis servie d’une petite carte Sajou pour enrouler un mètre ou deux du fil que je venais de filer. Puis j’ai fait une boucle coulissante dans le fil pour réaliser ma première maille en l’air, et j’ai crocheté les petits motifs qui me passaient par la tête. Pour arrêter le motif, il faut faire passer le fil restant dans la dernière maille en l’air et serrer le nœud, puis on peut reprendre le filage. Tout simple, n’est-ce pas ?

filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet filage fantaisie au rouet

“Mon livre de chevet”

La copie déclenche souvent la colère dans le petit monde de la création. Sur de nombreux forums, des créateurs et créatrices ont la dent dure pour se plaindre de personnes ayant copié leur style, ou même reproduit une œuvre à 100 % pour la revendre. Et je les comprends !

Pourtant, la copie a deux aspects positifs. D’abord, elle permet d’apprendre. Si vous avez l’habitude de vous promener dans les musées, vous devez de temps en temps y voir des étudiants des Beaux-Arts occupés à reproduire des tableaux célèbres, par exemple. Ensuite, la copie, c’est aussi un hommage, quand elle n’est pas réalisée dans un but mercantile.

filage fantaisie inspiré de jacey boggs

Ce mois-ci, j’ai proposé aux fileuses et fileurs du forum Tricotin, en guise de thème du mois sous le titre “Copie et plagiat”, de se balader sur la Toile, de visiter les blogs des fileuses et fileurs qu’ils admiraient, de fureter sur Pinterest ou même sur les sites de filatures industrielles, pourquoi pas ? Il s’agissait de choisir la photo d’un fil et d’essayer de le reproduire. Midian nous a carrément épatés en reproduisant à la perfection un fil très fou signé Jacey Boggs, et puis aussi un des miens, mon écheveau “Alien” (trop fière d’avoir été copiée !!!!).

Comme elle, je me suis aussi inspirée du travail de Jacey Boggs. C’est vraiment quelqu’un que j’admire et son livre Spin Art est une vraie petite merveille. Tout est très bien expliqué et le DVD joint est un régal vraiment rock’n’roll !

Vous me direz : “Oui mais, c’est de la triche, Jacey détaille de A à Z toute la procédure à suivre pour réussir le fil ! C’est trop facile…” Et je suis bien obligée de vous donner raison. Sauf que, figurez-vous que ce n’est pas si simple que ça, on pourrait même dire que ce n’est franchement pas de la tarte, et voilà pourquoi mon fil n’est pas vraiment réussi. C’est clair, les “beehives” ne sont pas aussi beaux et réguliers que les siens. Il faut vraiment que je continue à m’entraîner ! !

Une fois que j’ai eu fait la photo, je me suis aperçue que je l’avais présentée exactement comme les écheveaux de ma collection “Mon livre de chevet”. Du coup, mon hommage à Jacey Boggs en fait désormais partie.

filage fantaisie inspiré de jacey boggs

Filer les liens d’amitié

filage amitié

Quand les temps sont tristes, durs, difficiles, désespérés, interminables, on se tourne vers ceux qu’on aime.

Pour nous, fileuses et fileurs, l’amitié se noue souvent sur la Toile, nous ne sommes pas si nombreux et ne vivons pas toujours les uns près des autres… Mais grâce à la “magie” du Web, chaque jour ou presque, il y a un petit mot, une petite photo, un échange. Pourtant, quoi de mieux que de se retrouver à deux, trois, dix ou quinze pour resserrer les liens de l’amitié ?

C’est ce qu’une poignée d’entre nous a pu faire cet été, en pleine chaleur, au bord d’une piscine qui fut la bienvenue. Depuis quelques jours, je chéris particulièrement ce souvenir radieux, alors j’ai laissé tous mes encours de côté pour attraper un certain sac de laine qui m’attendait sagement dans son petit panier.

À votre avis, que font une bande de fileuses qui se retrouvent après de longs mois, voire des années sans se voir ? Elles filent ? Bien sûr que non ! 😀 Elles papotent, piapiatent, bavardent, échangent, s’exclament, s’extasient, bitchent un peu et rigolent beaucoup. Elles partagent leurs mets préférés, leurs boissons favorites, et ne voient pas le temps passer.

Nous n’avons pourtant pas oublié, ce jour-là, de sacrifier à un rituel venu d’outre-Atlantique : le sandwich.

Non, on n’a pas mangé des jambon-beurre ! J’ai plutôt un souvenir ému de certaines grillades de sanglier (merci Sylvain), d’une délicieuse quiche dont le chat nous avait heureusement laissé la plus grosse part (merci Katja), de salades, de délices venus du pays des mirabelles, et que sais-je…

Mais chacune avait apporté une petite dose de fibres que nous avons partagées en autant de portions qu’il y avait de participantes, afin que chacune puisse repartir avec un sac plein d’un mélange gaiement coloré symbolisant notre mixité, nos goûts différents et complémentaires.

Quand je me retrouve avec ce genre de petit sac à merveilles, j’ai généralement le réflexe de passer un bon moment en compagnie de ma cardeuse, mais pas cette fois-ci. Le souvenir des discussions animées de cette journée, j’ai voulu le garder dans mon fil, le représenter au plus près. J’ai donc décidé de déchirer chaque mèche en une multitude de petits morceaux que j’ai filés les uns après les autres, alternant les couleurs au petit bonheur la chance, et j’ai obtenu une sorte de tranche napolitaine sur ma bobine. J’ai choisi d’en faire un retors navajo pour réaliser un écheveau que je pourrais baptiser “Conversation de fileuses”. Les couleurs se chevauchent sur quelques dizaines de centimètres, puis elles apparaissent unies avant de se mêler à la couleur suivante, parce que, lorsque des fileuses papotent, nos voix font une sorte de danse, se recouvrant puis s’alternant, l’une domine, l’autre s’arrête et repart…

Techniquement, cela demande une certaine attention, je dois surveiller l’arrivée de la nouvelle couleur pour anticiper l’endroit où je commence la boucle suivante, afin de faire chevaucher les couleurs sur la longueur prévue. Parfaitement le genre d’exercice qui permet de chasser les idées noires d’un cerveau…

Par discrétion, je ne cite pas les participantes à ce moment, et je les laisse en parler en commentaire si elles le souhaitent. Les filles, j’ai adoré ce moment, vous me manquez toutes. On recommence l’été prochain ?