En costume d’Arlequin

filage artisanal arlequin

J’adore le mot “bariolé”, pas vous ?

Longtemps, j’ai craint la couleur ; je ne m’habillais qu’en noir, gris ou jean : nécessité de se fondre dans la masse, crainte de se faire remarquer… La couleur, c’était cantonné aux tubes de peinture de l’atelier du mercredi après-midi.

Justement, je viens de recevoir une lettre (si ! ça existe encore !) du professeur qui m’a initiée aux plaisirs de la gouache, de l’aquarelle et de la peinture sur soie – sans jamais pouvoir faire de moi une bonne dessinatrice (zut !) – et en voici la dernière phrase : “Ne lâche pas les couleurs, ce sont de joyeuses compagnes.”

C’est en découvrant le filage et le tissage que j’ai appris à aimer les couleurs – pire, que j’ai appris à aimer les “clashs” de couleurs. Je me réfère à notre chère Esperluette, qui animait le “thème du mois” du forum Tricotin avant que je prenne le relais, et qui m’a toujours dit que dans une nappe fantaisie, il fallait mettre beaucoup de ce qu’on aimait et un peu de ce qu’on détestait, pour le contraste.

Pour en revenir à notre “bariolé”, voici ce que mon petit Larousse en dit : “Bariolé, e adj. Marqué de couleurs vives et souvent mal assorties ; bigarré : Une robe bariolée.” On pense aussitôt au costume d’Arlequin…

J’ai donc demandé aux fileuses et fileurs du forum comment ils feraient un fil bariolé, pour que les couleurs “clashent” sans se fondre les unes dans les autres.

Pour ma part, je me suis dit que la meilleure façon d’obtenir un fil bariolé était de prendre un petit bout de chacun des coloris de laine en ma possession. Et puis j’ai jeté un œil à mon stock et je me suis dit, “euh…”

En effet, des coloris, la passionnée de cardage que je suis en a beaucoup ! Il fallait faire une sélection. Mais, je ne pouvais pas juste choisir une palette de coloris assortis, pour que le fil soit bariolé il fallait que les couleurs soient “mal assorties”. Du coup, je suis retombée sur l’idée du costume d’Arlequin et j’ai musé un peu. C’est un personnage qui inspire depuis toujours les peintres de tous genres, de Derain à Miró  et bien sûr Picasso, qui l’a représenté dans de nombreux tableaux, notamment avec une guitare.

J’ai décidé de m’inspirer de cette œuvre de Derain : elle m’évoque mes petites palettes de peinture des classes primaires, qui étaient si jolies quand elles étaient neuves et tournaient vite à l’affreuse bouillasse car j’avais tendance à oublier de rincer mon pinceau en passant du bleu au jaune.

Cela m’a amusée de fouiller dans mes sacs de laine pour trouver les coloris représentés sur le tableau ! Voici le résultat…

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J’ai filé les morceaux de fibres les uns après les autres en les piochant au hasard dans un panier. Pas question de carder pour garder l’effet “Arlequin” ! Il fallait aussi que le fil ne soit pas trop fin pour bien voir les taches de couleur, j’ai même fait quelques “flammes” (slubs) pour être sûre qu’on les verrait bien même après le retors. Pour ce dernier, j’ai d’abord pensé à utiliser un fil noir un peu plus fin puis j’ai craint d’obtenir plutôt un effet vitrail, donc je l’ai simplement retordu sur lui-même.

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