Première teinture de laine mèche : “Ciel d’aurore”

filage

À peine le rouet apprivoisé – et encore – il a fallu que je me lance dans la teinture… Je n’y peux rien, moi, c’est la couleur, mon truc, et je n’aurais sûrement pas été aussi avide de filer si cela n’avait été par goût des fils fantaisie et chinés, qui ne valent vraiment que si l’on peut patouiller les couleurs soi-même.

Ayant décidé de m’inspirer des leçons en images de Tricofolk, j’ai décidé de ne pas prendre de risque et de suivre la méthode pas à pas, en utilisant les mêmes produits. Il s’agissait de peinture sur soie (impossible d’utiliser les miennes, les Pébéo Setasilk se fixent au fer à repasser ! la laine mèche n’apprécierait pas un pareil traitement !), donc j’ai chaussé mes bonnes chaussures, confié la fifille à son papoute et traversé Paris direction Ponsard. Si eux n’avaient pas les peintures pour soie étuvables One, je ne les trouverais jamais ! Ils les avaient bien sûr ; sagement, j’ai pris les trois couleurs de base et le noir, plus deux ou trois couleurs toutes prêtes qui me plaisaient. J’ai choisi des flacons de 125 ml en m’étonnant que la gamme soit aussi disponible en 1 litre : pour peindre de la soie, j’utilise très peu de couleurs… Mais j’ai constaté qu’il en fallait beaucoup plus pour la laine. La prochaine fois, je verrai sans doute plus grand !

Pas besoin de beaucoup d’autre matériel ; j’ai acheté une série de godets gradués et de pipettes (c’est une bonne chose de noter les proportions de ses mélanges, surtout quand on n’en a pas fait assez !), et sacrifié ma cocotte-minute, dont je ne m’étais plus servie depuis des années (finalement, je préfère la cuisson moins agressive).

Je ne vais pas vous décrire toute la procédure, qui est détaillée sur Tricofolk. J’ai procédé exactement de même avec 100 g de blue-faced leicester pas suffisamment mouillée, à mon avis : la peinture n’a pas vraiment fusé et a même eu plutôt de mal à pénétrer. La preuve, quand j’ai retourné ma mèche pour finir de l’empaqueter, j’ai bien vu que la couleur n’avait pas transpercé ! Tant pis ; il resterait du blanc, donc j’obtiendrais des tons plus pastel.

Une fois la peinture fixée à la cocotte, la laine mèche rincée et  précautionneusement essorée puis soigneusement étalée pour séchage, vient la grande épreuve… comme dit Grand Corps Malade dans Saint-Denis, “Si on va à La Poste, j’t’apprendrai la patience…” Or, moi, la patience, ce n’est pas mon fort ! Et pourtant, le temps que la laine sèche, ne rêvez pas à votre rouet : il s’en faut d’au moins une journée pour pouvoir filer.

Mais le moment vient tout de même où la laine est sèche, et là, ce n’est pas perdre du temps que de choisir de la séparer en “méchettes” pour mieux la filer. Moi qui ai filé ma première pelote à partir d’une grosse mèche, je vous le dis, les “méchettes” vous facilitent tellement la vie que cela vaut vraiment le coup de préparer ces petits “nids” ! En plus, ils sont bien jolis et ils méritent une photo, n’est-ce pas ?

Pour la suite, vous la connaissez si vous m’avez lue il y a quelques jours : j’ai filé 50 g sur chaque bobine et j’ai retordu les deux fils ensemble (en mettant plus de torsion que la première fois, tout de même !) avant de les “bloquer” à l’eau chaude. D’ailleurs, tout bien considéré, il y a probablement trop de torsion, cela donne un effet grenu au tricot sous le doigt. Je n’y arriverai qu’avec quelques tâtonnements, c’est sûr.

Que pensez-vous du résultat obtenu ? Très pastel certes, mais pour ma part j’adore cette harmonie de couleurs. En plus, le fil est un poil plus fin et plus régulier : je progresse ! Chouette !

Je fais ma pelote… la première !

rouet

J’ai toujours eu envie de filer, ou presque. Quand on aime tricoter, on a envie de “remonter la filière”, c’est bien naturel… Surfez un peu sur les blogs et les forums, et vous découvrirez quel monde s’offre encore à nous autres passionné(s) de fil !

Voilà des années que je menaçais mon Homme de me mettre à filer : “Tu verras, je l’aurai un jour, le rouet !” Ces derniers mois, la menace s’était même précisée : “Je te préviens, en 2008…” Et dès janvier, commande était passée chez. Après de longs moments passés à surfer sur le Forum du filage, j’avais choisi mon rouet : un Little Gem II signé Majacraft (tout un programme) ! Il est arrivé il y a quelques semaines de sa Nouvelle-Zélande natale avec 200 g de laine mèche, et je me suis aussitôt lancée, avec délices.

Il faut dire qu’avant de me lancer, j’avais beaucoup potassé : un livre et une vidéo anglophones mais d’une grande aide, et surtout le Net, où fileurs et fileuses partagent leur savoir avec une énorme générosité. Par exemple, sur le site Tricotin.com, une série de leçons fort bien illustrées vous met le pied à l’étrier… pardon, à la pédale… sans coup férir. Bref, je me suis lancée et j’ai commencé à filer, pas d’autre moyen de procéder ! Il faut dire qu’on me mâchait le travail : le montage du Little Gem, conçu pour être transportable donc pliant, a été très rapide et très simple, et j’ai commencé par pédaler dans le vide pour m’entraîner, puis j’ai étudié un peu le fonctionnement de la machine avec un bout de laine tricotée industriellement, “pour voir”. Il n’y avait plus qu’à prendre ma laine mèche (blue-faced leicester, douce et fine et d’une agréable couleur crémeuse) et à me lancer pour de bon !

Eh bien ! cela vous étonnera peut-être, mais ça ne s’est pas fait dans les cris et les larmes. Bien sûr, le fil était très inégal, avec des parties toutes minces et des gros bouts cotonneux, mais je ne suis pas présomptueuse au point de vouloir réussir ce genre de chose du premier coup. J’ai donc continué à filer et j’ai peu à peu commencé à “sentir” ce qui se passait sous mes doigts et sous mes pieds. Après avoir filé 100 g de laine, je suis allée me coucher, sur la pointe des pieds car tout le monde dormait déjà depuis longtemps.

Le lendemain, j’ai eu quelques problèmes de courroie mais j’ai finalement réussi à réparer. J’ai à nouveau filé 100 g de laine, sur une seconde bobine, et j’ai décidé de me lancer dans le retors, qui consistait à tordre les deux fils ensemble. J’étais dubitative devant la lazy kate (ou cantre) de voyage fournie avec le rouet : ça, une lazy kate, une planchette de bois percée de deux trous et deux tiges en métal ? J’aurais pu la faire moi-même (et en effet Tricotin.com a aussi une fiche pour faire ça)…

Mais elle marche très bien, cette planchette, pas besoin d’autre chose. Le retors s’est fort bien passé ; comme une de mes bobines était un poil plus garnie que l’autre bien qu’il y ait le même poids de laine (le fil était donc plus fin !) il m’en restait un peu, je me suis amusée à tester la technique du retors navajo, c’est vrai qu’il faut être agile des doigts mais le principe des boucles n’effraiera aucune crocheteuse : on fait tout simplement un point de chaînette… bon, tout en tordant et en pédalant, ce qui fait que soudain rien n’est simple… mais c’est amusant et le résultat est très sympa (pardon, j’ai oublié de le photographier de près).

Je l’ai laissé sur la bobine pour le blocage, car il y en avait très peu et j’avais envie de tester le côté pratique de ces fameuses bobines en plastique.

Après avoir mis la première bobine de fil deux brins en écheveau grâce au niddy-noddy (ou mandrin), j’ai terminé le retors et procédé au blocage. J’avais à “bloquer” (empêcher la torsion du fil de se défaire) deux écheveaux de fil deux brins et une bobine de quelques mètres de retors navajo. J’ai choisi la technique qui me semblait la plus courante et la plus appropriée : un petit bain d’eau chaude avec un poil de shampoing pour laine, et de la patience. Ah ! oui, il en faut, de la patience, pour ces opérations de “finition” qui semblent durer plus longtemps que le filage !

Ma laine une fois rincée, après avoir passé la nuit dans l’eau légèrement savonneuse, je l’ai essorée avec précaution et mise à sécher. Là encore, beaucoup de patience, cela prend du temps.

Une fois sèche, je n’ai plus eu qu’à considérer ma laine d’un œil philosophe : bon, c’était irrégulier et trois fois trop épais, mais c’était aussi doux et agréable sous la main, et à tout prendre cela aurait pu être bien pire… À force de lire que le principal souci du débutant était d’obtenir un fil trop tordu et tout tortillé, j’ai essayé de mettre le moins de torsion possible et du coup je n’en ai pas assez ! Comique, non ? Mais bon, le fil se tient et il est solide, ne soyons pas plus royaliste que le roi pour une première tentative…

Une fois « ma » laine en pelote, j’ai calculé le WPI et tricoté quelques centimètres pour connaître la taille de l’échantillon. Arrgh ! Douze mailles pour dix centimètres !!! Mais que voulez-vous que je fasse d’une laine aussi grosse ? À part un bonnet ou une écharpe… Peut-être ferais-je mieux d’essayer de la tisser…