Chaussettes en filé main

chaussettes tricotées en filé main

Au mois de mars, j’ai proposé une petite “épreuve” technique aux fileuses et fileurs du forum Tricotin.

Une amoureuse des retors comme moi ne pouvait pas passer à côté du fameux fil “câblé”… Dans ma Bible du filage, The Spinner’s Book of Yarn Design, il possède son propre chapitre. Certes, le filage d’un écheveau câblé demande du temps, puisqu’il faut pas moins de quatre brins minimum, au départ. Mais il a un relief très particulier et s’avère plus solide que les autres, c’est pourquoi les fils à chaussettes sont souvent câblés.

Le câblé “basique” implique une procédure assez simple. On commence par filer 4 brins identiques, tous dans la même direction, avec la même quantité de torsion. Sarah Anderson suggère de commencer par filer en S (c’est-à-dire dans le sens antihoraire), mais elle explique que c’est une découverte personnelle, car elle a tendance à ajouter de la torsion au fil dans ce sens-là lorsqu’elle tricote, et pense que c’est le cas de pas mal de tricoteurs. Elle essaie donc de toujours faire son dernier retors en S.

Une fois ces 4 brins obtenus, on peut les retordre ensemble deux à deux, en Z. Enfin, on retordra à nouveau les deux fils obtenus, en S (ou dans l’ordre opposé si on préfère).

Si l’on n’a pas assez de bobines pour effectuer toutes ces opérations, il y a des alternatives ; par exemple, on peut commencer par filer deux brins et les retordre, puis filer deux autres brins et les retordre aussi. Là, trois bobines suffisent. Mais on peut également choisir de filer deux brins, de les mettre en pelote se déroulant de l’intérieur comme de l’extérieur et de les retordre sur eux-mêmes en assemblant le début et la fin (c’est ce que fait Sarah Anderson). Ou de n’en filer qu’un seul et de le retordre sur lui-même deux fois de suite. Enfin, il y a aussi la question de la couleur et de l’effet qu’on cherche à obtenir… bref, il y a quelques décisions à prendre avant de se lancer !

Et, cela, c’est pour le câblé “classique”, par exemple pour faire un fil à chaussettes. Mais rien n’empêche d’utiliser la technique du câblé pour obtenir une texture particulière, en jouant sur la différence de diamètre des divers brins qui le composent.

Pour ma part, pour réaliser cet exercice, j’ai décidé de rester classique et de tester tout simplement un fil à chaussettes… J’ai commencé par teindre une mèche de fibres à chaussettes (80% mérinos, 20% Nylon) que j’ai filée assez fin pour la retordre selon le principe, assez simple lui aussi, de la pelote que l’on dévide par les deux bouts, deux fois de suite. J’ai obtenu un fil assez sec, mais pas rêche, et très rond, agréable à tricoter.

Par ailleurs, j’ai aussi filé et retordu en câblé de la fibre blanche que j’ai teinte après coup avec l’effet tacheté à la mode. Voici les deux écheveaux l’un près de l’autre ; les couleurs du premier, teint avant filage, sont beaucoup plus fondues.

J’ai tricoté le premier écheveau pour obtenir des chaussettes denses et fermes, qui donnent une impression de solidité. On va voir comment elles évoluent ! Les plages de couleurs chinées rendent très bien. J’ai commencé par la pointe pour être sûre d’utiliser tout le fil, avec un talon en rangs raccourcis. Je vous montrerai la paire que j’aurai faite avec le second… eh bien, quand elle sera tricotée !

Après le top-down, le toe-up !

chaussettes tricotées main

Les chaussettes, ici, c’est un sujet sensible. Je ne suis pas experte en tricot mais je commence à explorer des tas de choses, pourtant j’ai toujours buté sur le sujet des chaussettes, que je trouvais très compliquées à faire. J’étais atterrée d’entendre des tricoteuses me dire : “J’ai toujours une chaussette entamée dans la voiture au cas où il y aurait un embouteillage ; c’est si simple à faire…” Arrgh ! Mais pour moi, c’était insurmontable !

La première paire que j’ai faite, c’était des chaussettes “tubes”. J’avais (mal) choisi un reste de fil plutôt glissant, elles n’étaient pas franchement agréables à porter. Je les ai léguées à ma Jolie Princesse, qui les met par-dessus d’autres chaussettes quand elle va patiner.

Ensuite, il y a eu l’affaire des chaussettes de l’Homme. J’avais choisi un très beau modèle, plutôt compliqué question point, qui se faisait aux aiguilles double pointe. Le fil était fin, cela m’a pris quelques mois pour arriver au bout de la première chaussette (déjà que je ne tricote pas vite, je ne vous dis pas quand je dois tenir quatre aiguilles en même temps). Je la lui ai offerte avec cérémonie en promettant l’arrivée prochaine de sa sœur jumelle… Les filles, je vous vois sourire… Il a essayé la première chaussette qui était un poil trop longue. Il fallait défaire le grafting et recommencer la pointe.

Eh bien, je n’en ai jamais eu je courage… et la sœur jumelle n’est jamais née. J’ai laissé la chaussette trop grande et le fil restant dans un petit panier, sur un petit meuble, et ils m’adressaient tous les jours des regards de reproche (si,si).

Et puis, à force de pérégrinations webbiennes, j’ai fini par tomber sur cette technique extraordinaire – en tout cas pour moi – puisqu’elle me permettait de tricoter les deux chaussettes en même temps et, en partant de la pointe,  de les faire sur mesure grâce à de fréquents essayages ! De la pure magie, cela réglait tous mes problèmes. J’ai téléchargé un patron KnitPicks gratuit et très détaillé, j’ai craqué pour un bel écheveau de Malabrigo Sock au coloris subtil chez Lil Weasel, j’ai sorti mes aiguilles circulaires KnitPro que-j’aime-et-que-j’adore, et voilà le travail ! DEUX chaussettes pur mérinos sur les pieds de mon homme.

Il était temps que je les finisse, vu la vague de froid que nous traversons. Autant vous dire qu’il est allé frimer sur les forums de ses copains cyclistes, car ces sportifs redécouvrent avec à-propos les bienfaits du mérinos comparé aux fibres synthétiques dites “techniques”. Et il a lu que le mérinos retient très peu les odeurs… ce qui lui a permis de porter, horreur ! ses chaussettes adorées tous les soirs pendant une semaine. Gloups !

Mes premières chaussettes !

chaussettes

Pour moi, et pour bon nombre de dames de ma famille m’ayant précédée dans cet art, c’était le truc impossible à faire au tricot, réservé aux courageuses, aux expérimentées, aux technologiciennes de la maille ! Allez savoir pourquoi et comment je me suis laissé tenter par ce bouquin, Chaussettes faciles au tricot (tout un programme). C’était un peu un défi, j’allais quand même essayer et si je n’y arrivais pas, tant pis…

Eh bien ! Figurez-vous que la voilà, ma première paire de chaussettes, une bonne semaine de soirées télé et c’est une réalité ! Et, d’une pierre deux coups, j’ai même appris le magic loop pour réaliser ce modèle – pas du tout insurmontable, ce magic loop, figurez-vous, mesdames et messieurs. Bon, ces chaussettes-là, je les ai faites avec des pelotes de fil industriel flashy tirées de mes cartons “vieux (mais beaux) restes”. Les prochaines, je les ferai avec du fil “à moi”, teint et filé pour l’occasion… quand j’aurai choisi mon modèle (va pas être facile)… et fini mes encours… patience, donc.