D’après mon cher Larousse, l’adjectif “rustique” désigne quelque chose “qui appartient ou se rapporte à la campagne, aux gens ou aux choses du milieu rural”, ou “qui a les caractères simples et naturels de la campagne”, ou encore carrément “qui est fruste, sans façons, sans raffinements”. Sans raffinement, mon joli panier ? Peuh !
Pourtant, quand ce modèle de panier a été créé, sous le Second Empire, il était réservé aux riches bourgeoises qui l’utilisaient comme sac à main (ce que j’ai moi-même bien l’intention de faire !). Normal : le rotin employé est très fin et sa “galerie” élégante (c’est ainsi qu’on appelle le motif qui l’entoure) ressemble à une broderie délicate et chic. C’est plus tard et progressivement que ce panier s’est invité dans les campagnes, d’abord comme cadeau raffiné, puis en changeant de gabarit pour transporter des victuailles ou de petits animaux.
Oublions donc le terme “rustique”… Ce type de panier n’est pas seulement ravissant, il est aussi long et compliqué à faire. Croyez-moi sur parole ! J’en ai découvert tous les méandres à Saulée (encore une fois… mais j’adore les stages de Pascale, pourquoi lui ferais-je des infidélités ?). Nous étions quatre vannières très concentrées (merci à Agnès, Corinne et Pat : l’ambiance était formidable, les filles, j’ai passé de si bons moments en votre compagnie ! on a beaucoup ri et ces pique-niques pantagruéliques on chatouillé ma légendaire gourmandise…) et il nous a fallu pas moins de quatre jours pour venir à bout de ses subtilités.
Alors, déjà, moi, je n’avais jamais travaillé le rotin. Lors de mon premier stage chez Pascale, j’ai réalisé une corbeille et un panier rond, tous les deux en osier. Cela m’a donné envie de revenir pour me confectionner une immense panière à linge également en osier, que j’aime tendrement. Et c’est à cette occasion que j’ai repéré le fameux panier rustique dans son atelier. J’en suis immédiatement tombée amoureuse. Certes, il n’avait pas la force brute et naturelle de l’osier, mais sa sophistication était un vrai défi, et elle nécessitait la régularité du rotin. J’ai donc fait une infidélité à l’osier…
Autre spécificité, ce panier est tressé autour d’un moule, chose que je n’avais jamais faite non plus. C’est un peu plus difficile car du coup, l’ouvrage que l’on tient en équilibre sur les genoux est plus lourd et moins facile à manipuler. Mais cela permet une régularité de forme dont j’avais été incapable jusqu’à présent.
Ensuite, il y a le piège du couvercle, qui doit s’emboîter parfaitement sur le haut du panier, et même avec un moule, ce n’est pas de la petite bière. Enfin, il y a de nombreux détails à ajouter : pied tressé, charnières, anses, fermeture… Tout cela m’a permis de découvrir plein de petites techniques passionnantes. Je suis toujours aussi séduite par la vannerie, et j’adore mon nouveau panier. J’ai bien l’intention de jouer les belles du Second Empire et de le trimballer partout avec moi. Je peux y glisser facilement tout ce qui m’est nécessaire quand je me déplace, avec en plus un petit ouvrage de tricot ou… un fuseau et une poignée de rolags, bien sûr 😉
Voici nos diverses réalisations, avec notre instructrice de choc, Pascale !